Langue de Kerouac & mort du Roi
Date perdue. 2016 ou 2017.
Lire Kerouac français depuis hier. La vie est d'hommage, paru récemment au Boréal. J'attendais ces textes depuis longtemps. Il y a une phrase que j'avais copiée d'un journal où l'existence de ces textes était rapportée en 2008. Un joyau :
"Et le tigas dorma dans machine de l'éternité noire, que son père conducta à travers de la nuit."
Lu le premier texte du livre hier, "La nuit est ma femme". Noté d'autres incroyables éclats, comme par exemple :
"J'rentra plus creu dans ma grosse femme. Pour moi elle etait l'Amerique, New England et N.Y. etait seulement la tête."
Ou :
"J'm'en allez chez nous dans noiçeur; les feuilles tomba, la mer faisa des soupirs tendres. L'étoile d'evening brula dans son lit d'bleu."
Vais continuer la lecture – je rentre tout juste dans "Sur le chemin" – et j'écrirai un article sur cette langue.
Au réveil, entendre parler de Bob Dylan, prix Nobel de littérature. Who cares? Ce n'est pas le même boulot, écrire des livres ou écrire des chansons. J'ai toujours trouvé un peu étrange l'inclusion des chansonniers dans les manuels de littérature pour Cégépiens. Je ne remets pas en question leur valeur en soi : seulement, encore une fois, pas le même boulot. Écrire des livres, ou des sommes (papier, num ou web), c'est un travail qui a ses exigences propres, et je trouve quand même que les prix littéraires, s'ils doivent être, devraient au moins récompenser ceux qui ont appris à maîtriser cet art, pas un autre.
Non-nouvelle qui est en train d'éclipser cette autre, majeure. Le Roi de Thaïlande, Bhumibol Adulyadej, est mort.
Quand on vient de l'ouest et qu'on ne connaît pas la Thaïlande, on approche les choses à l'occidentale. Puis, après deux ans, une partie de soi commence à penser à la thaïe. J'ai développé un respect pour le roi. Son image, son attitude dégageaient la droiture, la rightousness. Dans un pays où tout le monde sourit tout le temps, sur toutes les photos, depuis son intronisation jusqu'à la fin (un empan de 70 ans!), il apparaît sérieux. C'est ce visage, qui a captivé les Thaïs pendant toutes ces années. Ce regard droit. Il n'est plus.
