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Photo du rédacteurMahigan Lepage

«Abattis», le chemin de la fiction

Date perdue.

 

Recommencé à me lever plus tôt pour écrire. Après deux semaines de rumination, ce projet qui s'impose. Je pense beaucoup à des phrases de Gracq, en ce moment. De mémoire, une qui dit que l'écrivain sait reconnaître, parmi tous les projets qui lui viennent en tête, celui qui s'impose (c'est bien Gracq?). Ce projet-ci, je l'appelle Abattis. Je retourne dans les chemins de bois. Dans cet univers de coupes, de pick-up, de Timberjack. Avec des amis d'enfance. C'est une fiction, mais qui ne se dit pas telle, bien sûr. Je veux qu'on y croit, qu'on se demande, du moins : c'est du vrai, ou pas? (Et ça l'est, vrai... en partie.)

Un film de Robert Morin, Journal d'un coopérant. Tu le regardes. Tu sais que c'est une fiction. Et pourtant, c'est plus fort que toi... Il t'a. La caméra, c'est comme Skype. On n'a pas l'habitude, des fictions sur Skype. Du réel seulement, Skype, normalement. Alors on y croit. Comment faire ça, en récit?

L'autre phrase de Gracq, c'est (de mémoire, encore) : dès qu'on ajoute quelque chose dans un roman, ça fait bouger l'ensemble. Il en parlait comme d'une grande difficulté. Il disait aussi que l'excitation du début est à mille lieux des efforts (entendre : souffrances) plus avant dans le travail.

 

Le reste du jour est d'autant plus difficile à avaler, qu'on a regoûté à l'aube écrivante. Il y a de la traduction technique, qui attend. De la correction d'épreuves, aussi. Une demande de sub, peut-être.

Le soir, quand tout est fini, on est content. Parce qu'on sait que le matin, au réveil, on aura quelque heure, pour marcher dans les chemins intérieurs.


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