Président fou & combativité
Novembre 2016.
Secoué, comme tout le monde, par l'élection d'un président fou aux États-Unis la semaine dernière. J'ai suivi la campagne de bien trop près, depuis le tout début des primaires. Une addiction, nourrie par un abonnement au New York Times. J'ai été trompé par les prédictions du Times : on ne m'y reprendra plus. Je pense annuler mon abonnement, pas pour bouder le Times, mais par saturation. Plus envie d'entendre parler de Trump, de Pence, du cinglé de chez Breitbart. Et pourtant il faut bien parler encore.
Ils ne se rendent pas compte, dans les villes de l'intérieur de l'Amérique. Le combat pour le monde, c'est maintenant. Et la nature politique a horreur du vide. Ce qui veut dire, en clair, que tout ce que les États-Unis laissent, la Chine ou la Russie prend. La Chine, surtout. En Asie, c'est le Cambodge, la Thaïlande, les Philippines, et bien sûr la mer de Chine comme territoire stratégique. On vit dans des pays où on aime bien tout critiquer, surtout la démocratie, sans se rendre compte que ces critiques sont la démocratie elle-même en action. Je n'ai jamais aimé le cynisme, souvent mal informé, de ceux qui ne font rien d'autre que rabaisser l'Amérique, sans avoir jamais vécu dans un pays où on ne peut pas tout dire (Chine, Thaïlande, tant d'autres). Ils sont où, les dirigeants qui défendent encore une idée du monde comme libre circulation des paroles et des gens? Merkel? Trudeau? Aung San Suu Kyi, qui fait ce qu'elle peut dans une Birmanie où la junte a dicté par avance les règles du jeu? Il faudra maintenant voir ces pays comme des bastions de résistance contre un monde qui bascule véritablement dans la jugulation (la non-circulation). C'est peut-être comme ça, que les catastrophes d'un siècle se préparent.
Entrer dans une zone de combativité. C'est la réalisation que l'an prochain, ça fera dix ans qu'on a commencé à écrire. C'était au printemps 2007, que j'ai jeté les premiers mots de Relief sur une page Word, avec la surprise que ça marche, j'écris. Avec les années, l'écriture est restée, s'est imposée, et peu à peu, j'ai abandonné d'autres activités, qui n'étaient pas moi. Il ne me reste plus grand-chose, que l'écriture et la traduction. Et donc, tout y mettre. Y aller à fond, tête baisser. Ne pas s'accorder le luxe bourgeois de ne pas produire, ou avec parcimonie, le luxe de se faire rare (faut bien s'apprécier, pour se croire si précieux). Autre leçon de Thaïlande. Je la vois à l'œuvre chez les amis haïtiens, aussi. Ils sont souvent plus guerriers, dans leur marche littéraire.