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  • Photo du rédacteurMahigan Lepage

Si ta colère était un fleuve... _le fleuve colère_


2017.

 

Paraît aujourd'hui le fleuve colère aux éditions du Noroît.


Un texte comme à part de mes autres écrits, si ce n'est de Relief, mon tout premier texte, paru justement au Noroît – il y a une continuité souterraine. À part, parce qu'écrit en espèces de vers, et parce que le ton est différent, presque enfantin, naïf, qui cache pourtant beaucoup de violence. Un petit livre, j'ai envie de dire, un livre minuscule, ce qu'indique le titre, que j'épelle tout en minuscules, comme le texte lui-même (sauf quelques exceptions).

Je l'ai écrit à Chiang Mai, dans le Nord Thaïlande, le fleuve colère. J'étais en Asie depuis un an ou un peu plus. J'avais des choses à expulser, du monde laissé derrière. De les dire frontalement n'aurait rien donné, ne m'aurait même pas soulagé : je serais devenu moi-même un de ces êtres minables qui jettent leur venin au visage des autres. «J'ai décidé de ne plus m'en prendre à personne depuis que j'ai observé que je finis toujours par ressembler à mon dernier ennemi», écrivait Cioran.

Au contraire, j'avais besoin d'une forme, d'un espace sans limites ni censure, où je pourrais organiser de grandes fêtes noires. Où je pourrais exposer la bêtise, puis battre, tuer, éviscérer, décoller les têtes qui n'en méritaient pas moins.

Au début, je croyais qu'il suffirait d'une grande densité poétique. J'imaginais une langue indéchiffrable, que j'aurais compactée jusqu'à ce que le sang en gicle. Facile de voir en quoi la colère est un flot, un bouillonnement, et l'image du fleuve était là dès le départ. J'avais découvert tous ces mots magnifiques issus de l'hydrographie : gouffre absorbant, divagation, capture, laisses de crue, espace de liberté, affouillement... Je me disais : ils peuvent signifier poétiquement les mouvements intérieurs que j'ai besoin d'exprimer.

Et puis j'ai commencé à écrire, et tout de suite, dès les premiers mots, un récit s'est imposé. Un récit d'une eau plus claire, plus rocheuse, que je ne l'avais d'abord voulu. C'est l'allégorie, finalement, qui tiendrait lieu de verrou, plutôt que l'indéchiffrable poétique. Les clés sont assez faciles à trouver, mais qu'importe. Dans la fable, j'ai pu concaténer des figures, créer des réductions, des créatures qui résument des façons d'être, et non des êtres en soi. Et surtout, j'ai pu tout lâcher : c'est seulement l'histoire d'un fleuve et des animaux qui l'entourent, après tout... Quelle jouissance, que de supplicier ces créatures! Pendant que je leur plantais des couteaux dans les yeux, je voyais papilloter tous les visages des médiocres que j'y avais mis en secret...


Tout le reste n'est que rire. Un rire de jouissance, un rire cruel – et si les lecteurs, si les lectrices l'entendent et le partagent, j'espère qu'il leur sera libérateur, comme il l'a été pour moi.


 

Grand merci à Paul Bélanger et Patrick Lafontaine pour l'accompagnement éditorial. De leur appui, prendre courage pour exprimer, et publier, ça. Impressionné par l'œil de Patrick, qui repère les failles d'un texte comme un aigle ses proies.

le fleuve colère sera lancé aujourd'hui le 23 mai 2017 à 17 h 30 dans l'Édifice Gaston-Miron, 1210 rue Sherbrooke Est, à Montréal. Il sera en librairie partout au Québec dès le lendemain. En France, passer commande à la Librairie du Québec à Paris.

Extraits et infos supplémentaires sur la page-livre du fleuve colère.


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