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Photo du rédacteurMahigan Lepage

Aller se faire cuire un œuf sur la route de Pai, Thaïlande


Aller à Pai, ancienne mecque hippie calée au creux d'une vallée de montagne, cachée derrière des routes aux milles virages, bled qui a gardé du temps beatnik quelques restes et des façades, des musiques et des barbes, des cheveux longs et des vêtements amples – mais mille touristes en piétinent maintenant la rue du marché, et les bus dégorgent des centaines de Chinois – on n'y va plus qu'en basse saison, pour se reposer, pour relaxer, et se payer une chambre d'hôtel très belle avec piscine, du luxe une vraie folie... à 800 bahts par nuit (30 dollars à peine).

Alors il n'y a pas grand-chose à dire de Pai, pas d'aventure (pas pour nous en tout cas), pas de grandes découvertes, pas de mémorable – que du temps en latence, du temps de vacances, entre l'incroyable ragoût de patte de cochon dans le village chinois (d'un ethnie chinoise qui vit là depuis des lunes), les balades à scooter sur les petites routes de campagne, l'avachissement salutaire au bord de la piscine, dans la piscine, ça fait vachement du bien quand on a trop travaillé pendant des mois, et que deux semaines auparavant on a troqué ses vacances pour dix jours d'aventure tape-cul au Vietnam.

À la rigueur, après cinq, six séjours à Pai peut-être, et deux Mae Hong Son loop complets, on ne pensait pas pouvoir encore être surpris, et pourtant... Cette fois on est revenus à Chiang Mai – à scooter, bien sûr – par une route qu'on n'avait encore jamais tenté, dont je ne connaissais même pas l'existence – la 1265 qui file à travers des montagnes protégées, gouvernementales, habitées seulement par quelques villages de hilltribes qui jouissent d'un droit acquis, montagnes par conséquent très sauvages, d'une sauvagerie qu'on n'a pas tellement l'habitude de voir en Thaïlande, un pays si habité et si agricole.


Route serpentant parmi les monts et les rivières, dans la verdure croustillante de la saison chaude (les premières pluies avaient à peine commencées). Surtout – rare aussi, en Thaïlande –, une route nouvellement pavée, d'un asphalte encore noirâtre, magnifiquement lisse. Et – encore plus rare – une route presque déserte, où on croise à peine un camion toutes les heures.

Et on zigzaguait joyeusement sur cette route parfaite, sur notre petit scooter 110 cc – et on aurait voulu qu'apparaisse magiquement notre grosse moto qui dormait dans un garage du Québec, ma Honda Shadow ACE 750 Deluxe Edition, ç'aurait été la route de rêve, de rêve, de rêve vraiment, pour faire pencher le cruiser sur les courbes somptueuses, au milieu de cette jungle magnifique, sur cette route sans dangers.

On s'est arrêtés – surprise! – à une source d'eau chaude qui jaillissait, résurgence, juste au bord de la route, fontaine naturelle enveloppée de vapeurs suées, dans l'air déjà chaud des Tropiques.


Il y avait une dame à un petit kiosque qui vendait des œufs frais. On en a acheté deux, qu'on a fourré dans un petit panier au bout d'une perche, et plouf! sept minutes dans l'eau bouillante du geyser! (J'exagèyser...) Œuf à la coque au jaune coulant cuit à la source chaude du Nord Thaïlande.


C'est bon, le goût est un peu différent, plus soufré. Et on est repartis bien protéinés.

Sur ce bon vieux scooter qu'on appelle Uùt... ce qui, en thaï, signifie «Chameau»!


Après, ça n'a plus été que zigzags, jungle, rivières encore, montagnes, villages hilltribes, palmes aux abords, plantes hautes et bambous – il ne faut pas être pressé, pour revenir à Chiang Mai par cette route, c'est deux fois plus long que le chemin habituel...

...mais que de paix et que d'espace, que de route, que de route, parfois c'est tout ce qu'on désire, de la route, de la route, plus de route...

Et puis encore des buffles.


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