Le grain de la route. Exploration photo sur les highways du Nord-Ouest
Photographier la route, c'est une chose, mais photographier la route...
Pendant ce voyage au Yukon (je dis toujours au Yukon, mais il y avait aussi la Colombie-Britannique et les Territoires du Nord-Ouest : Yukon est le nom de l'aventure, de l'horizon), entreprendre de poser la caméra à ras la route. Sur les asphaltes de l'Alaska Highway, d'abord, divers, changeants, parfois interrompus de gravier, mais à certains endroits extrêmement granuleux : qu'on s'en approche, et la route se décompose en mille cailloux soudés dans la gomme... Il y a une violence, je trouve, dans cette matière de la route, quelque chose de très brut, qui casse aussitôt toute notion de carte postale. Le paysage en arrière-plan se fait flou, penché, presque lunaire, comme s'il peinait à se lever au-dessus des cailloux, de cette matière qui fomente son propre paysage, à l'échelle microscopique.
Et si ce n'était pas complètement étranger à la notion de «granulaire» qui se déploie maintenant dans d'autres domaines?