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  • Photo du rédacteurMahigan Lepage

Travail, exploration, & refus

Date inconnue.

 

Deux mois à Chiang Mai, ville aimée, sillonnée à scooter. Temps passé dans les cafés surtout, à travailler, à écrire et à façonner mes sites, aux jours de congé. Quelques routes çà et là : Nan, Sukhothai, Uttaradit, mais chaque fois en voiture avec des amis; ce n'est pas pareil. C'est à scooter, à moto, ou seul dans les transports, que je rêve, que j'écris déjà un peu, dans ma tête. À Chiang Mai, la joie de nouvelles amitiés. Un café tout près de notre appart, le Fleur de mai (en français dans le texte) : une Ontarienne et son chum thaï, un bassiste, y ont agrégé une communauté de musiciens, d'artistes, de voisins, d'amis. Mon genre de gang. Le week-end, on se retrouve au Fleur de mai ou dans un café-concert, on se laisse traverser par la musique en descendant quelques Chang. On finit parfois la nuit à moitié nus dans la piscine sur le toit de l'appart : on n'est pas sérieux, quand on a trente-huit ans. C'est qu'en fait, on travaille trop la plupart du temps, tout absorbé par les boulots (pluriel), alors ça fait du bien, de se lâcher lousse une fois de temps en temps. Boulot, boulot, boulot. Trois boulots. Il y a le plus beau, l'écriture, qui demande beaucoup d'efforts, mais n'est pas vraiment un travail. Il y a la traduction, qui permet de bouffer. Et il y en a un troisième, que j'ai gardé assez secret ces dernières années; j'en parlerai en temps et lieu. Ce n'est pas tenable, je vais me brûler. Tôt ou tard, il faudra bien en lâcher un des trois, et je sais très bien lequel ce sera. Liberté 40, comme j'aime à dire, à la blague. Est-ce qu'on y arrivera? Plus que 13 mois, ça vient vite... Je ne parle pas d'arrêter de travailler à 40 ans (ces pubs des années 90 qui nous promettaient l'ennui pour nos 55 ans). Mais j'espère qu'à quatre décennies sonnées, je n'aurai plus que deux boulots : les deux qui demandent de créer, de bâtir à tout le moins. Le troisième, il me tue à petit feu. Il change les jours en pierre, puis il jette les pierres à l'eau. Ça fera un temps, et puis de toute façon, les robots s'en viennent (l'IA), qui vont décimer le gros des troupes de la profession. Je suis content d'avoir posé les bases, il y a quatre ans, en me saignant à blanc, de ce qui nous permettra peut-être de gagner notre vie pendant les prochaines décennies – en toute indépendance.

 

Beaucoup travaillé sur le site du projet Matière monde (nouveau titre à l'approche). Assez grisant de se lancer dans une aventure comme celle-là, dont on sait qu'elle sera longue. C'est une forme neuve, je crois – une forme que le livre ne permettrait pas. Il y a tellement à explorer, aujourd'hui, dans les possibles du numérique, et si peu pourtant qui partent à l'aventure... Toute une terra incognita, une vastitude de formes à tenter, à inventer.

 

Reçu une lettre de refus de bourse ce matin pour Matière monde, justement. Un projet web, je me doutais bien que ça ne ferait pas mouche... Presque surpris de constater que ça ne me fait plus grand-chose, ces refus, ces rejets. On est un peu à la marge, peut-être, mais ça ne nous empêchera pas d'exister. Et puis, à force de, on vient qu'on a la couenne presque aussi dure que le cuir d'un buffle d'eau.


Photo : le band franco-thaï Opérateur en concert au Rasta Café à Chiang Mai.

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