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Photo du rédacteurMahigan Lepage

Autochrome 10 | ce rouge incendie

Signaux d'urgence sur fond de ciel incendiaire


Il est des couleurs qui inquiètent. Et des mots qui inquiètent plus encore. Ainsi: {incendie}. Rouge incendie. Lumière incendie. Incendie comme un adjectif, qui enflamme les choses, précipite le réel dans l'urgence.


Et ce mot qui lui est parent: {feu}. Ici : feux de circulation. Est-ce le langage seul qui fonde ces associations, ou est-ce que l'objet, le feu de circulation, pareillement nous alarme? Comme si (ici) le feu avertissait qu'il y a incendie, là-derrière, dans tout le ciel. Il faudra courir, se mettre aux abris, prier si l'on croit, désespérer sinon.


Rouge incendie. Le ciel comme on dit {enflammé}. Le soleil y suffit, à condition qu'il soit sur sa fin. Au crépuscule, les rayons se font abrasifs, et les nuages se précisent comme des bouffées de braises. Couleur, sensation de fin, peur qui remonte à loin: que le ciel s'éteigne dans un dernier feu, dernier embrasement. Puis plus rien.


Les feux clignotants semblent souvent un peu inutiles; on s'interroge. Et s'ils étaient là pour nous rappeler l'urgence, la fin en notre univers inscrite, mais qu'on ne peut penser ni prévoir? Qu'un jour (et la science sur cela confirme nos vieilles peurs) le soleil de fait s'éteindra -- en une explosion, peut-être, qui enflammera le ciel, ou en une simple et très lente [éteinte->http://mahigan.ca/spip.php?article126].


On n'en sait rien. Seulement qu'il nous inquiète, ce ciel incendié, penchant au-dessus d'un feu de même couleur, comme une partie du ciel faisant là signe, pour nous, au-dessus des trottoirs et des rues: signe opaque, n'informant pas, inquiétant juste: disant danger, disant urgence.


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On chercherait un abri, et on tomberait sur cette porte. De même couleur, encore, que le ciel dont on voudrait fuir la destruction. Une porte, mais s'agit-il de l'ouvrir? Et comment? Elle est fermée à clé, mais on n'a pas la clé. C'est là pourtant, c'est sûr, qu'il faut aller.


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Dans la porte seulement, cette fausse fenêtre, cette case sous vitre, comme les dispositifs qu'on fracasse en cas d'incendie, pour activer l'alarme ou saisir une hache. Mais là, à l'intérieur: rien, pas de clé. Pourtant la vitre est intacte... Que des coulures de sangs, dirait-on, de ce même rouge encore: ce rouge incendie.


Allégorie de notre propre impuissance devant la fin? Une porte close, verrouillée. Et là où il y aurait la solution, là où il y aurait la clé: n'est qu'un vide sanglant.


Notre mort, au moment de l'éclipse.

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