Autochrome 15 | les couleurs du retour
Automne, saison pour retourner voir le paysage d'enfance
<quote><small>L'automne presque dépouillé
_ De l'or mouvant
_ Des forêts
_ Et puis ce couchant
_ Qui glisse au bord de l'horizon
_ À me faire crier d'angoisse
[Hector de Saint-Denys Garneau->http://www.mahigan.ca/spip.php?article138]</small></quote>
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C'est [l'automne->http://www.joachimsene.fr/txt/spip.php?article354], certainement, qui fait ça: envie forte, en ce moment, aujourd'hui surtout, maintenant que la saison a basculé sur sa tranche, que les couleurs se font de plus en plus vives, avant de tomber -- envie de retourner sur les Plateaux où j'ai grandi, en Gaspésie.
Combien d'années (cinq, six, sept?) que je n'y suis retourné? Jamais, en tout cas, depuis que j'ai commencé à {écrire}. Et tout de suite, dès le premier récit, {Relief}, c'est la géographie des Plateaux, telle que déposée en moi, que j'ai cherché à recréer. Depuis ce temps, je veux y retourner (comme, récemment, je suis [retourné à Banff->http://mahigan.ca/spip.php?article129]), pour vérifier les correspondances ou les écarts de la mémoire et du réel (même si, dans {Relief}, la fidélité au réel n'était nulle part voulue: fiction, seule l'abstraction du relief m'intéressait), mais aussi parce que, à ces lieux, ces montagnes reléguées à l'extrême est du Québec, je resterai toujours attaché. C'est de là que je viens, aucun doute là-dessus. Et quoique la désertion des lieux, des villages, des maisons, parfois me désole, c'est bien, justement, parce qu'il reste en moi grande charge d'affects.
[Les arbres dans la ville->http://www.mahigan.ca/spip.php?article122] font signe vers ces forêts, mais n'en auront jamais l'ampleur. Pourtant des grands pans y ont été rasés. Mais quand on monte sur les belvédères qui surplombent les rivières de là-bas (la Restigouche, en particulier), on doit convenir que les arbres ici sont encore rois. Les rivières affouillent et serpentent entre de belles et hautes pentes rondes peuplées de conifères et de feuillus. Je pense à ces vues en automne, tout particulièrement, parce que c'est la saison où le paysage là-bas est le plus beau, le plus riche. Les conifères maintiennent des bandes de vert foncé à travers les éclats multicolores, rouge, jaune, orangé, des feuillus en voie de défeuillaison.
J'ai tant écrit ces paysages intérieur, je ne sais plus même si, retournant au-dehors, je saurai encore en parler. Sans doute que le monde que j'ai recréé dans ma tête, à partir des Plateaux, n'a que peu à voir avec la réalité. Mais justement : est-ce que cela influerait en retour sur le réel? Est-ce qu'il y aurait un peu plus de moi, de mes constructions, de mes fictions, dans ces lieux?
Oui, il faudra aller vérifier. Mais quand? J'ai peur que si je n'y vais cet automne, je n'irai jamais. Et pourtant ils seront encore là, sans doute, ces Plateaux -- ce sont des montagnes, masses inamovibles... En tout cas, je me sentirais prêt, maintenant, intérieurement, pour y aller, y retourner voir. Et il n'y a pas meilleur temps, pour les retours, que l'automne.
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