Autochrome 2 | béton en mâts dressé
Cheminées dressées sur leur effondrement même
Fragiles mais lourdes pourtant, dressées sur leur effondrement même -- ces cheminées de béton, de ce qu'on appelle encore "l'incinérateur". On n'y brûle plus rien, ne les ai jamais vues crachantes, ces cheminées. On n'y va plus que pour déposer les piles et les médicaments périmés : c'est devenu un centre de collecte des matières dangereuses -- un "éco-centre", voilà comme on dit. Mais on ne fait pas bien le lien : pour les dépôts, c'est {à côté}, dans la cour, la structure de béton semble à part, sur son quant-à-soi. On la voit quand on marche le long de la voie ferrée, ou sur cette vieille "rue des Carrières", autre souvenir d'un monde industriel qui n'est plus.
Plus on s'approche des cheminées, et plus on en perçoit le vieillissement, les fissures. Presque, ce sont des blocs cassés de béton empilés les uns sur les autres. Un casse-tête vertical. On ne sait dire ce qui est fissure et ce qui est joint. Des lignes lézardées en tout cas y courent, couleur rouille qui trahit la corrosion des tiges d'acier exposées.
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On a choisi, pour la photo, des tons de brun et de rouge : couleurs du vieux et du majestueux à la fois. Car ces mâts, pour lourds et fragiles qu'ils soient, se tiennent encore debout devant le temps, n'en finissent pas de tomber, de s'effondrer sur pied. On ne peut les voir qu'en contre-plongée : c'est leur orgueil aussi, de ne se présenter que sur fond de ciel vaste et menaçant.
Symbole d'un monde qui n'est plus, du temps des carrières et des déchets fumants, mais présent, orgueilleusement présent -- béton en mâts dressé, ruine rougeâtre éructant sa propre fin.
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