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Photo du rédacteurMahigan Lepage

Autochrome 4 | le cabinet des hallucinations

Le cabinet de toilettes comme dispositif hallucinatoire


Le cabinet des hallucinations : voilà comment on l'appellerait, cette pièce. À cause de ses couleurs éclatantes réparties en bandes larges : rouge et jaune trop forts, soleils intérieurs qui font mal aux yeux, aveuglent de crier.


Le cabinet des hallucinations : parce que c'est un cabinet, vraiment, un cabinet de toilettes... À quoi ont-ils pensé, ceux qui ont choisi ces couleurs et ces formes? À produire un certain effet, sans doute. C'est réussi. C'est à la limite de l'effet d'optique, du genre panorama, ou mieux, kaléidoscope : le mur devenu une hélice tournante, entraînant votre tête dans sa ronde. Les yeux sont si près du cerveau, sont sur le crâne même : les effets visuels deviennent immédiatement des sortes de folies, des hallucinations. Pénétrer dans ce cabinet, sous les ampoules trop fortes qui en décuple l'éclat, comme on entre chez un hypnotiseur, ou dans une boîte à visions du XIXe siècle.


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Le cabinet des hallucinations : mais ce n'est qu'une exagération de ce qu'est tout cabinet de toilettes, pour peu qu'on y soit sensible. Ceux qui ont déjà consommé des hallucinogènes savent l'épreuve que c'est, un cabinet de toilettes... D'abord on y est seul, confronté à soi-même, d'autant plus que les miroirs, jamais manquants, vous renvoient violemment une image déformée de votre visage. Visage blafard, verdâtre ou émacié par l'éclairage presque toujours trop cru. Cabinets : salle aux miroirs, salle aux démons, affrontement à son corps, sa mortalité propres.


Le cabinet des hallucinations : ce serait une épreuve, un rite de passage, que d'y enfermer les jeunes sous drogue dure pendant quelques heures. Les lumières alors, et les couleurs, ah ces couleurs! l'écarlate, le serin, qui finissent par faire mal aux yeux, vraiment mal aux yeux -- douleur réverbérée jusqu'au fond du crâne... Et son propre visage pour seule compagnie : un fantôme. On les respecterait, on les considérerait, ceux qui ne reviendraient pas fous du cabinet des hallucinations.


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