Autochrome 7 | grande bulle de lumière dans la nuit

Le terrain de soccer comme un intérieur exposé

J'ai toujours été fasciné par les terrains de baseball et de soccer -- pas les terrains en soi, mais leur éclairage la nuit. Les lampes ultra-puissantes qui illuminent ces terrains, combien de watts, combien d'énergie rassemblent-elles? Elles diffusent une lumière bleutée, qui vivifie le vert des pelouses, produit une impression de synthétique et d'irréel.

C'est la nuit, on est dehors. Et pourtant cette lumière trompe la nuit, dévoie les attentes, surprend nos iris dilatés, qu'aussitôt elle contracte. C'est un monde, ici, une bulle, une sphère -- un intérieur créé à seule force d'éclat.

On n'aime pas trop les sports, encore moins les sports d'équipe, auxquels pourtant on s'est bien frotté enfant et adolescent (le hockey...). Mais quand je reste extérieur, parfaitement étranger à ce qui se déroule dans la bulle de lumière, je trouve ça beau. Les maillots vert et jaune vifs, l'air bleuté, le gazon éclatant, et les corps dans l'espace qui se déplacent, tout au ras du sol, tout petits sous les hautes lampes.

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Être passé par là hier soir. Avoir commencé à photographier de loin. Puis m'être rapproché furtivement. Pas trop près, quand même, ne voulant pas être mêlé à cela, ne voulant pas m'expliquer sur pourquoi je photographie avec les groupes de joueurs massés aux abords du terrain. Que tout demeure tableau de lumière et de couleurs surréelles.

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Juste, j'ai contourné le terrain par une de ses extrémités. En passant derrière le but, j'ai volé cet instantané, très vite, en ne faisant mine de rien. Le timing était bon: il y avait tir, et j'espérais bien avoir pu capter le mouvement. J'ai pu, on le voit. Mais on remarque aussi un autre mouvement: celui de l'appareil, lorsque ma main par réflexe a tenté de suivre le ballon, décadrant l'image vers la gauche. On la préfère presque comme ça, cette photo, parce que l'objet y fait retour sur l'observateur, parce qu'il n'y pas séparation du vu et du voyant. Finalement, j'aurai eu l'élan de jouer, malgré mes dédains -- mais à ma façon, de derrière le but, en faisant image.

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