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  • Photo du rédacteurMahigan Lepage

Autochrome 8 | explosions de feuilles en la ville

Les feuillages des arbres sont des colères de la terre


<quote><small>No wonder that the earth expresses itself outwardly in leaves, it so labors with the idea inwardly.


Henry David Thoreau, {Walden; or, Life in the Woods} </small></quote>


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Il y a beaucoup d'arbres, dans cette ville (Montréal) -- comme dans tant d'autres villes américaines. À Vancouver, par exemple, avoir été impressionné par les hautes et foisonnantes futaies qui font d'énormes couverts de feuilles au-dessus des rues, en lesquelles on marche comme dans des tunnels. À Montréal, ce sont espèces moins géantes -- essences d'Est, essences laurentiennes, et non du Pacifique. Mais quand même: les arbres sont partout, en rang au-dessus des trottoirs et des rues. Même qu'ayant recommencé à prendre des photos récemment, je me rends compte que les feuillages s'imposent dans une majorité d'images, même là où on ne les désirait pas...


Dès que j'ai découvert les filtres numériques de couleurs, je me suis mis à photographier les feuillages. Formes fascinantes parce que complexes, labiles, moirées. Couleurs qui attirent par leur vif, leur tendreté, ou au contraire leur craquant. Cela emplit l'image, y bouge, y dessine des motifs abstraits et explosifs, frondants.


C'est [la terre->http://mahigan.ca/spip.php?article118], partout étouffée en la ville, qui explose en ces feuilles. Puisque, comme l'a dit Thoreau, l'idée de la feuille se trouve dans la terre même: dans les cristaux des minerais, dans les volutes des roses des sables...


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Qu'on ne les voit presque plus, ces feuillaisons, voilà qui est insulte à la terre. La lumière pâle et grise des villes les atténue, les efface. Alors les retrouver, à force de couleurs et de lumières comme des radiographies. Et même parfois le bleu sera plus révélateur que le vert, pour exprimer la feuille, qui elle-même exprime la terre, dont nous sommes.


Ou au contraire, renforcer le vert, assombrir le vert, jusqu'à retrouver en l'arbre une noire profondeur.


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Mais bientôt il y aura l'automne, et une toute nouvelle image de la feuille -- qu'on aura aussi à déplier, à défolier.

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