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Photo du rédacteurMahigan Lepage

Birmanie, 1 | Rangoon monsoon

Descendre à Rangoon c'est comme changer de monde


<quote><small> Billet initialement publié le 4 septembre 2012 sur mon blog voyage La Machine ronde (machineronde.net), maintenant fermé.</small></quote>

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Quand on arrive de Bangkok, descendre à Rangoon c’est comme changer de monde. Le saut est aussi grand, entre la Thaïlande et la Birmanie, qu’entre le Canada et la Thaïlande…


À Rangoon, on est en Orient. Et dans l’Orient pauvre. Impression similaire à l’arrivée à ce que j’ai vécu dans la première ville d’Asie visitée, en 2008 : [Katmandou->http://www.publie.net/fr/ebook/9782814501515/carnet-du-nepal]. Dès qu’on prend le taxi à l’aéroport de Rangoon pour rejoindre le centre-ville, on sait qu’on se trouve ailleurs. Le taxi même est bien plus vieux et dégradé qu’un de Thaïlande. On croise des pick-up dont la benne est remplie à ras bord de gens, à tel point que certains s’accrochent en grappes au débord. Juste la poussière des rues. Juste la saleté. Juste les immeubles, leur vétusté. Difficile de dire ce qui fait qu’on reconnaît un pays comme autre et pauvre : l’impression est claire, mais elle provient d’une multitude de perceptions.


J’ai fait le trajet en taxi avec un couple rencontré dans l’avion. Elle, une Américaine. Lui, un Français. Mariés, ils sont. On a dirigé le taxi vers une guest house suggérée à la fois dans le Lonely Planet (eux) et dans [Wikitravel->http://wikitravel.org/fr/Accueil] (moi). (Je pensais pouvoir me débrouiller avec Wikitravel pour l’ensemble du voyage, mais mon réseau cellulaire thaïlandais ne fonctionnait pas en Birmanie – je trouverais le moyen plus tard – difficilement – de télécharger le Lonely Planet sur mon iPhone.) Trop populaire, évidemment : cette guest house était pleine, comme la suivante… Enfin on s’est rabattue sur une guest crade. Dans nos chambres, pas de fenêtres (c’est souvent comme ça en Birmanie), le lendemain nos vêtements sentaient le renfermé. Et je ne parle pas des toilettes… Mais on s’en fout un peu, quand on est sur la route, et qu’on sait que le lendemain ou le surlendemain, on sera ailleurs.


On est arrivés au centre-ville à la brunante, alors on est vite sortis marcher, à la recherche de bière et de bouffe. Le couple franco-américain voyageait depuis huit mois déjà, d’Amérique latine en Asie, et malgré leur expérience Rangoon réussissait à les déstabiliser. {On est en exploration}, qu’on se disait, en marchant à la recherche de boire et manger. En Thaïlande, il y a du local, assez déstabilisant, mais on peut (presque) toujours se tourner vers du touristique ou de l’occidental pour retrouver ses repères. À Rangoon, il n’y a (presque) que du local, surtout dans le quartier où on était. Alors il faut s’aventurer, rentrer dans un resto ou un café même si on ne sait pas lire le menu, ni parler le birman, ni quoi manger et comment, etc. Heureusement, la Birmanie est le meilleur endroit du monde pour faire ça, parce que les Birmans sont extrêmement accueillants. On met un pied dans un resto, et tout de suite on vous sourit, on s’affaire autour de vous, on essaie de vous accommoder. Dans les salons de thé, on couvre tout de suite la table de pâtisseries : à la fin on paye ce qu’on a mangé.


Ce soir-là, on s’est risqués dans un resto plutôt indien, sans le savoir avant d’y entrer. On a mangé de délicieux chapatis accompagnés de mouton et de sauces goûteuses. Puis on est allés prendre un verre dans un bar d’habitants. Tout le monde nous regardait : c’est souvent comme ça, en Birmanie. Et c’est sans malice : les Bimans ont le sourire facile. On a bu des Myanmar, bière locale que je retrouverais souvent devant moi pendant les deux semaines que durerait le voyage.


Puis, en marchant pour retourner à notre guest house, on a croisé des gens qui préparaient de grandes chaudronnées de bouffe. On s’est arrêtés, ils nous ont salué, nous ont parlé : les Birmans aiment pratiquer leur anglais, ils ont grand plaisir à vous parler. Ils faisaient cuire des oignons et de la soupe pour une armée… pour un monastère, en fait : le lendemain, cette nourriture serait servie à une communauté de moines du quartier. Mes nouveaux amis ont mis l’épaule à la roue, pour le plaisir :


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Le lendemain, j’ai marché seul dans la ville la journée entière. Il pleuvait beaucoup : c’était la mousson, et en Birmanie ce mot est plus lourd de nuages qu’en Thaïlande. À certains endroits, les rues étaient complètement inondées, faute d’un système d’égout efficace : les petits kiosques de rue baignaient dans la flotte. À un endroit, je me suis arrêté pour manger un riz, et un orage s’est abattu. Il m’a fallu rester dans le resto presque deux heures, le temps que ça se calme. J’observais les serveurs tenter de colmater les brèches dans le “toit” (assemblage de parasols et de baches) de la terrasse :


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Quand je ressortirais, la première chose que je ferais serait d’aller m’acheter un parapluie!

Dans les villes birmanes, on tire grand avantage du principe physique de suspension… Dans ce petit café où je me suis arrêté pour prendre un thé (thé au lait condensé, sucré, que j’aimais bien), on avait suspendu les briquets à des cordons spiralés, pour usage à volonté (et je reverrais ça plusieurs fois ailleurs) :


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De même, le long des façades des immeubles, on voit pendre des ficelles, partout. Elles servent aux visiteurs pour signaler leur présence (les sonnettes ne marchent pas trop, par là-bas). Et elles servent aussi au facteur et au livreur de journaux :


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Pour revenir aux cafés… Si vous saviez les chaises sur lesquelles on vous invite à vous asseoir! Des toutes petites chaises de plastique qui ressemblent bien plus à des chaises pour enfants qu’à de vraies chaises d’adultes! Quand comme moi on mesure 6′ 2” (1,88m), on a les genoux dans le menton! On apprend vite de drôles de poses : j’ai vu un type lisant un livre sur cette chaises (longtemps, donc), jambes croisées, à peu près confortablement! J’ai bien ri quand j’ai vu une série télé birmane (on rit pas mal tout le temps quand on regarde des films ou des séries birmanes!) dont une scène se passait dans un café comme ça : les amoureux parlaient assis sur les toutes petites chaises de plastique bleu! Pas sérieux…


Il a plu beaucoup, ce jour-là, comme je l’ai dit. Même que mon iPad a bien failli y passer : je le transportais dans ma sacoche en bandoulière, il n’a pas pris l’eau directement, mais la condensation… Le lendemain, il débloquait, s’éteignait tout seul, etc. J’ai eu bien peur. Je l’ai laissé sécher plusieurs jours. Puis, par chance, il s’est remis à fonctionner normalement.


Je suis allé voir un temple, aussi, à Rangoon : le très grand, au carrefour central. Ce qui m’a étonné, c’est comment ce très grand temple est en fait tout cloisonné. À l’intérieur, c’est une sorte de giratoire, on marche en rond. Aux quatre côtés, un autel. Et entre les autels, des petits compartiments vitrés, sortes d’aquariums avec un Bouddha dedans! Les prières semblent ainsi individualisées, d’une certaine manière. Comme disait Henri Michaux de l’Inde : “C’est à chacun son salut!”


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Combien d’impressions, combien de chocs encore j’oublie ou j’omets? Le maquillage blanc très marqué au visage des femmes (et de certains hommes). Les “jupes”, appelées {longyi}, aux hanches des hommes. Les pigeons, les vendeurs sur les trottoirs. Des services qu’on n’offrirait plus dans nos pays : sur le trottoir, une petite table, trois téléphones, quelques centaines de kyats pour appeler (bien oui, ils n’ont pas tous le téléphone là-bas).


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J’aurai l’occasion d’évoquer d’autres impressions birmanes encore : c’est le 1er billet d’une série “Birmanie” qui paraîtra dans {La machine ronde}. À suivre…


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