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Photo du rédacteurMahigan Lepage

Birmanie, 5 & fin | balade sur le lac Inle

Quand on entre dans un village, c'est comme arriver par une rue d'eau


<quote><small> Billet initialement publié le 9 septembre 2012 sur mon blog voyage La Machine ronde (machineronde.net), maintenant fermé.</small></quote>

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Ç’a été ma dernière destination birmane, avant de rentrer à Rangoon, puis à Bangkok. Le lac Inle : destination touristique, à raison parce que c’est beau. Mais c’est encore la Birmanie, c’est-à-dire que même ce qui est touristique ne l’est pas encore à outrance. Pour combien de temps encore? On le sent, on le dit de plus en plus : c’est le temps d’aller en Birmanie, le pays change très vite…


Arrivée à Nyaungshwe après un interminable trajet de bus. Nyaungshwe, à quelques km du lac Inle : c’est là que la plupart des backpackers se retrouvent. Village paisible – et boueux en temps de mousson – que ne troublent que les hordes de chiens de rue!


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On dirait des loups : ils vivent entre eux, se battent et copulent à souhait, ont des rangs hiérarchiques. La nuit, ils se mettent à hurler très très fort (j’avais entendu ça déjà au Népal, en avait été impressionné). J’ai une phobie modérée des chiens, et j’ai eu peur parfois, en rentrant à ma guest house à la noirceur, de me faire attaquer par ces meutes…

Autour de Nyaungshwe, c’est la belle campagne birmane. J’ai à peine marché aux abords, que déjà s’observaient des paysages de rizières et de brumes aux verts et aux jaunes très tendres :


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Un large canal relie le village au lac, quelques km plus loin. En marchant le long du petit port, on voit des rangées de bateaux, et aussi beaucoup de jeunes hommes qui semblent ne rien faire. En fait, ils attendent que les bateaux de marchandises arrivent, pour les décharger à la force de leur bras. À la chaîne, ils emportent d’énormes paniers de légumes et de fruits, qu’ils vont vider dans des entrepôts :


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Pratiquement tout voyageur qui s’arrête à Inle fera une balade en bateau sur le lac. J’étais seul, à Nyaungshwe, alors je me suis levé le matin tôt et je me suis rendu au quai pour trouver des compagnons. Je me suis joint à un groupe, composé de deux Français (encore!) et d’un Autrichien. On a embarqué dans une de ces embarcations longiformes à moteur pétaradant. Vieux moteur disel rouillé installé à l’arrière, et la longue perche de l’hélice qui oblique dans l’eau. Le tuyau d’échappement crache une fumée noire en plein visage du chauffeur, assis derrière le moteur – doivent être encrassés, ses poumons!

Les pistons se sont ébranlés (le moteur tourne slack, aurait dit mon père), et le bateau s’est mis à glisser sur le canal :


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On a découché sur le lac. Après quelques milles sur les eaux libres, on s’est engagés dans d’étroites voies d’eau tout encombrées de plantes (certaines parasites, m’a-t-on dit). Parfois, on avait l’impression de foncer droit sur un banc de terre. Mais le chauffeur connaissait bien le chemin, et le bateau fendait les herbes et se frayait passage.

On voit bien comment c’était, sur cette vidéo (à écouter jusqu’à la fin, ça vaut la peine : hasard de la crachée de salive rouge de béthel (Konya) par le chauffeur à la toute fin!) :


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On s’est d’abord arrêtés dans un marché local. D’accord, mais je me sentais un peu ridicule d’arriver là avec mon appareil photo comme dans un zoo. Alors je me suis tout de suite installé à une table de café, pour boire un thé : au moins, ainsi, je venais ici pour [faire quelque chose, pas seulement pour voir->http://mahigan.ca/spip.php?article367]… Partout, en Birmanie, le thé chinois (vert) est gratuit. Il est toujours servi dans ces thermos de plastique. On paye seulement pour le thé au lait.


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Les arrêts suivants m’ont accablé… D’abord on arrête voir des orfèvres au travail, mais bien sûr c’est une boutique et on vous propose maints bijoux. Ensuite, on vous conduit voir des tricoteuses, mais deux des femmes là-bas ont des anneaux qui leur font des longs cous, ça me rappelle les très folklorisants et exotisants {[National Geographic->http://mahigan.ca/spip.php?article250] } de mon enfance. Certains disent qu’elles ne continuent à s’allonger le cou que pour le plaisir des touristes… De toute façon, ça m’insupporte : pas venu ici pour jouer au voyeur. J’en parle à mes compagnons de bateau, ils sont d’accord : on demande au chauffeur d’arrêter ce cirque, plus de boutique d’artisanats merci.


On est allés dans un temple. On est arrêté mangés. On est allés dans un monastère. J’aurais voulu voir des villages, simplement. Y marcher un peu quand c’est possible. Il aurait fallu demander dès le début : c’est possible, à ce qu’il paraît.


Parce que les villages sont impressionnants : ils sont construits directement {sur} le lac! Maisons flottantes, maisons sur pilotis, mais surtout système de remblais. Quand on pense lac, au Québec, on pense étendue d’eau où ne peuvent flotter que les bateaux… Mais ici, le lac est véritablement habité. Une bonne partie de Inle Lake est ingénieusement remblayée : c’est un lac de glaise et d’herbe. Quand on entre dans un village, c’est comme arriver par une rue d’eau. Il y a des panneaux, puis des aggregats de maisons :


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Au bord d’un temple, des hommes et des femmes attendent le bateau comme on attend l’autobus :


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Et puis enfin il y ces pêcheurs si étonnants, qui comptent pour beaucoup dans la réputation d’Inle Lake. Ils pêchent, souvent en solo, dans des petites barques de bois. Comment ils les manoeuvrent, c’est ça qu’il faut voir. À la poupe, en équilibristes, un pied à l’extrémité du bateau, l’autre jambe enroulée autour de l’aviron et décrivant un mouvement serpentin par lequel la barque est propulsée… Quelle agilité! Et surtout quelle élégance! Les mains ainsi libérées, elles ont beau jeu de manipuler les lignes et les filets.


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Ainsi s’est achevé mon séjour en Birmanie. Après Inle Lake, je suis rentré à Rangoon, par un autre interminable trajet de bus (la Birmanie, c’est beaucoup s’y déplacer, s’épuiser de transport : il faut y être préparé).


J’ai pu me perdre, en Birmanie, comme j’avais pu, quatre ans plus tôt, me perdre au [Népal->http://www.publie.net/fr/ebook/9782814501515/carnet-du-nepal]. C’est rare, et précieux. Deux semaines sans Internet (presque) et sans Occident (presque). J’en suis revenu des idées et des projets plein la tête. Et avec l’envie de me perdre encore, ailleurs, plus loin…


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