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  • Photo du rédacteurMahigan Lepage

Chercher l'Équateur

Retour vers une autre Amérique


Avant de prendre le large, en 2012, j'avais choisi ma première destination, Bangkok, un peu au hasard. Bien sûr, l'appel de l'Asie : ce n'était pas neuf, il y avait eu [le Népal->http://mahigan.ca/spip.php?article486], quatre ans plus tôt. Mais il s'agissait moins d'arriver que de partir. J'en avais vitalement besoin. Bangkok (ou plutôt Krungthep, de son vrai nom), c'était un point de chute. Au milieu d'une région du monde, l'Asie du Sud-Est, aux multiples villes et pays, où je pourrais aller, voyager longtemps, sans être trop pressé par le temps et l'argent.


Mais je rêvais à d'autres endroits, aussi, des destinations que je considérais comme des possibles. L'Océanie. L'Amérique du Sud.


Quand j'ai commencé à faire mon nid à Chiang Mai, Thaïlande, après avoir traversé quelques paysages d'Asie du Sud-Est (Birmanie, Laos, Vietnam, Cambodge), je croyais en avoir (presque) fini avec la vadrouille pour un moment. J'avais chopé la dengue, ça m'avait calmé. Puis une bourse d'écriture, qui m'avait d'abord été refusée, m'est tombée du ciel : j'étais reparti pour des virées dans les grandes villes du continent, pour ce projet qui deviendrait [{Explosent les villes d'Asie}->http://www.mahigan.ca/spip.php?article477]. J'ai ainsi enrichi ma carte mentale de l'Asie du Sud-Est, dont j'ai visité tous les pays à l'exception du Brunei et du Timor oriental -- mais de la plupart, je ne connais bien sûr que des fragments, des villes surtout...


Ce projet m'a aussi conduit en Chine et en Inde. Et je peux dire, maintenant, après deux ans d'Asie-Pacifique, que le voyageur ne laisse pas trop de regrets derrière lui. Je voulais voir l'Inde, je voulais voir la Chine, je voulais voir l'Océanie. J'ai vu Beijing, Shanghai, Hong Kong. J'ai vu Kolkata, Delhi, Mumbai. J'ai vu la Nouvelle-Zélande. Et aussi Singapour, Kuala Lumpur, Penang, Manille, Jakarta, Bali...


Le grand inconnu, que je laisse entier, c'est le Japon. Je ne parle que de mon désir, dans le présent : ma carte de l'Asie est toute mangée d'ombre. Le Japon, parce que dès le début, je voulais y aller. J'avais même pensé acheter un billet MTL-BKK avec arrêt à Tokyo. Ce qui m'a retenu, tout ce temps, c'est le coût d'un tel voyage. Et aussi, je crois, l'envie secrète de préserver mon désir... J'irai au Japon quand le temps sera venu. D'ici là, je peux encore goûter le rêve.

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Et maintenant?


Je vais quitter l'Asie bientôt. Pour un nouveau continent, un nouveau monde. L'Amérique du Sud. L'Équateur.


Je ne connais de l'Amérique du Sud que l'Uruguay, où j'ai passé un mois en 2010. Les circonstances étaient particulières, j'ai passé un mois sur une ferme. Je n'ai pas vu grand-chose sinon la campagne et un trop bref aperçu de Montevideo. Je devais finir la rédaction de ma thèse, j'ai écrit là la conclusion, avant de la déposer au retour.


Pourquoi l'Amérique du Sud? Et pourquoi l'Équateur? C'est la langue, d'abord, qui m'y attire. J'apprends le thaï depuis un an et demi environ, avec beaucoup de plaisir. Comme j'étais souvent en vadrouille, je n'ai pas pu l'étudier autant que j'aurais voulu, mais j'ai quand même pu me caler trois cours de 60 heures chacun : deux de conversation, un de lecture-écriture. Je maîtrise le thaï à un niveau intermédiaire. Quand j'ai décidé de retourner aux études pour [devenir interprète->http://mahigan.ca/spip.php?article493], il y a quelques mois, je me suis d'abord dit que j'insérerais le thaï dans ma combinaison de langues (français > anglais > thaï).


Je me suis rendu compte bien vite que ce n'était pas, professionnellement, une si bonne idée. La profession d'interprète n'est {vraiment} reconnue qu'en Europe et en Amérique du Nord. Ç'y est une profession libérale, régie par des ordres, et exercée entre autres au sein des grandes organisations internationales. Que le thaï soit économiquement et politiquement une langue mineure, ça ne me dérange pas -- et le monde change, comme le montre l'intérêt croissant des États-Unis pour l'Asie du Sud-Est. Reste que, avec le thaï, j'aurais bien peu de boulot en Occident, et si je trouve du boulot en Asie, à Singapour ou Taiwan par exemple, ce sera seulement pour les affaires, et dans des conditions de travail vraisemblablement amoindries.


J'ai donc décidé de reprendre l'apprentissage d'une langue dont j'ai déjà pris un cours (un seul) au bac : l'espagnol. L'élan initial était donc affectif : c'est d'abord ça, une langue, pour moi : un désir. En même temps, comme à 34 ans je ne peux plus me permettre d'errer professionnellement, on joint l'utile à l'agréable. L'espagnol est utilisé partout en Occident, et c'est une langue officielle de l'ONU et de l'UE (où je pourrais éventuellement travailler en indépendant).


Et puis, le sentiment, après deux ans en Asie, et plus particulièrement à Chiang Mai, d'être prêt pour un changement. J'ai la {bougeotte}, comme on dit. Chassez le naturel nomade, et il reprend du galop...


N'as-tu donc rien appris de la Nouvelle-Zélande? C'était [une erreur->http://www.mahigan.ca/spip.php?article507], ce trip, pas de doute là-dessus. N'empêche, il faut tirer les bonnes leçons, et pas en faire un sabot de Denver... L'erreur, c'était d'aller dans un pays où le voyage ou le séjour {indépendant} (au sens où je l'entends) était impossible. N'était possible que le voyage backpacker, et ça, c'est vrai, ce n'est plus pour moi, on ne m'y reprendra plus.


Le coût de la vie en Équateur est comparable à celui de la Thaïlande. Plus encore, ma ville de destination, Cuenca, ressemble beaucoup, sous certains rapports, à Chiang Mai. C'est une ville moyenne aussi (400,000 habitants), dans les montagnes aussi, accueillant une grande communauté d'expats et de nomades aussi... Pas que je veuille retrouver le confort du connu, mais je cherche une ville où il soit facile de s'installer et possible de vivre agréablement pour pas trop cher. Une ville, aussi, où je puisse disposer d'une connexion Internet rapide, puisque je vais étudier en ligne via Adobe Connect dès septembre. J'ai fait beaucoup de recherches, et Cuenca m'a semblé le meilleur endroit, dans les circonstances. Cela dit, je garde une souplesse. J'arriverai le 1er août, et si je ne le sens pas, je me bouge, soit à Quito, soit même à Medellin, en Colombie. Du moment que je sois installé et branché pour début septembre.


C'est du certain, j'ai fait le saut, mon billet d'avion est acheté. Un parcours du combattant... On croirait que pour aller de Bangkok à l'Équateur, on n'ait qu'à voler au-dessus du Pacifique. C'est sans compter les couloirs et les artères aériens. Par économie, je vais passer par New York, non sans avoir préalablement poireauté 14 heures à l'aéroport de New Delhi... Qu'importe, si tout va bien je finirai par arriver. C'est un aller simple. Le projet, c'est de passer un an en Équateur, avant de remonter vers Toronto pour la deuxième année de cours (sur place). Mais qui sait où les vents nous entraîneront d'ici là...


Plus qu'un petit mois avant le départ. Ça pince déjà, la perspective de quitter l'Asie, la Thaïlande, Chiang Mai... Quitter le port, un être-ensemble, temporairement, et partir seul. Il y a des séparations, des décalages obligés, et on ne sait pas exactement quand on arrivera à abolir la distance. Ce n'est pas toujours simple, affectivement, la vie nomade, mais je n'en changerais pas. Il y a des moments où il faut sauter, et garder confiance que le reste suivra.


Retour en Amérique, mais c'est une autre Amérique. Et s'il existait une sorte de parenté longitudinale, plutôt? L'équateur terrestre, après tout, passe en Indonésie, pas si loin au sud de la Thaïlande. Il suffirait de glisser le long du grand cercle...

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<small>Photo d'entête : aéroport de Singapour, point terrestre le plus près de l'équateur où je me sois à ce jour trouvé...</small>

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