Cri de non-mort
Une sauvagerie
2009.
Parce que court encore, et dedans roule, et cherche comment toujours garder mouvement, même quand immobile mouvement, mouvement de pensée contre la fixitude, comme une roue les révolutions, cercle sur cercle un moteur-roue, et si un cercle va arrière l'autre aller avant, l'homme face à son moteur, non plutôt même l'homme son moteur, vivant.
Ceux qui me croient mort ont tort. Ceux qui me disent coi ont tort. Ceux qui m'estiment éteint ont tort. Il n'y a pas d'extinction mais feu continuel, feu roulant oui, comme le moteur-roue roule, et d'un cercle à l'autre le feu, c'est cela un homme, ainsi le dernier homme, ainsi le premier homme, de l'acier cercle sur cercle et qui brûle, je ne vois pas la fin comme une coupure mais comme une étrange résorption.
Ce n'est plus l'assiette qu'on cherche, on sinon si instable, mais à l'instabilité même régler sa vie, qu'on pèse trop longtemps du même côté et tout chavire, qu'on fasse la planche au milieu et c'est la mort, mais courir sans cesse d'un bout à l'autre du pont, dans de grandes émotions qui sont expressions de motions, courir de par tout, vas et raffermis ta houle.
Il n'y a pas de hiérarchie des déséquilibres, tout est déséquilibre et déshiérarchie, l'espèce court en moi comme une race forte, vous n'êtes frères que de mes excès, qui jamais totalement s'en est remis à l'animal, qui d'histoire d'homme jamais s'est résorbé en animal, ceux qui m'en croient incapable ont tort, je ne serais plus qu'espèce grimpant sur vos murs, plus que feu roulant avant votre vue, que morsure du feu et du fort de l'espèce vous écharnant le cou au passage, fort, fort et sauvage, corps fort et sauvage, et feu, ma langue vous brûle.
Il n'y a plus d'opposition valide, plus aucune, fini pour n'y plus revenir, froid chaud, dur mou, clair noir, même force faiblesse, même sauvage civilisé, même vivant mort, il n'y a que le non-faible, le non-civilisé, le non-mort, même le négatif se nie et tout se renverse comme une terre plate, de l'autre côté ce sont des éclats noirs je les vois, des éclats et des éclairs noirs fulgurants, courant et fulgurant sur une surface négative, roules roules tes pensées dans ta tête, fais-en une roue de non-mort, et même les pensées contraires roules-les, renverses-les aussi, elles ne valent ni plus ni moins que les autres, à quoi me sers-tu si tu ne roules, si tu ne roues, frappes frappes, bats la cadence vas-y, renverses et quand tu auras bien renversé renverses encore, et roules et roules et accélères, et ton feu se resserre et presque se résorbe, tu n'as jamais été aussi vivant - non mort!
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