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Photo du rédacteurMahigan Lepage

Il n'est pas facile d'entrer

1er voyage | jour 1


Dans les villes nombres,


il n'est pas facile d'entrer.


À quel moment on arrive dans un pays. Pas quand l'avion touche le sol. Pas quand on en sort (même s'il y a des signes, comme la chaleur). Pas quand on fait la queue pour faire estampiller son passeport. Pas quand on récupère ses bagages sur le tourniquet (en Asie je n'enregistre jamais de bagage, j'ai juste un petit sac). Le pays commence après tout ça, dès que l'on sort de la zone protégée. Alors il n'y a plus seulement des monsieurs et des dames en uniformes, internationalement semblables. Il y a des {civils}, des gens de la ville.


Le pays commence quand les chauffeurs de taxi vous assaillent. C'est ainsi que ça se passe, dans les villes nombres. Les chauffeurs de taxi vous assaillent. On les appelle des {rabatteurs}. On se sent gibier, chaque fois qu'on arrive dans un aéroport ou une gare d'une nouvelle ville. Et on l'est, gibier.


Aujourd'hui est un monde d'argent, et la difficulté des voyages ne tient plus qu'à cela. Je veux dire, dans les formes anciennes de l'exploration, l'argent ne réglait pas tout : il y avait les intempéries, les Indiens, que sais-je encore. Maintenant, le risque, c'est de se faire plumer, et dès lors qu'on y consent, toute difficulté est levée. Et l'exploration n'a pas lieu.


Mais résistez, et l'aventure commence.


On sort, on ne sait pas où on est, de quel côté aller, et personne pour vous aider {gratuitement}. Finalement on voit un écriteau annonçant bus et jeepney, on se dit qu'il faudrait aller par là, mais on n'a pas de pesos pour payer. On essaye deux guichets ATM, ça ne fonctionne pas. Heureusement, on a quelques billets de dollars US, on trouve un échangeur, il est 5 heures du matin, on change 13 dollars à un taux usuraire. On marche vers des bus, des jeepneys, on n'a jamais vu ça un jeepney, "Dau, Dau" qu'on dit parce que c'est là qu'il faut aller on a lu, on donne de l'argent on monte c'est l'aube.


Tout ça en un quart d'heure, ce n'est pas facile arriver dans ces villes. Mais l'excitation qu'on ressent en même temps, quand parachuté au milieu du neuf on se retrouve assis dans un jeepney avec une quinzaine de Philippins, et qu'on roule on roule et de chaque coté c'est l'inconnu, et devant aussi, l'inconnu.


Et à Dau on vous largue on ne vous dit rien. Il y a plein de bus partout c'est un genre de terminus, on demande "Manila, Manila" les gens ne comprennent pas, finalement on dit les quartiers on a lu, "Ermita, Malate", ah là ça éveille, ce bus-là allez.


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Et puis par la fenêtre le pays se construit et la ville s'annonce. Sur fond de champs, ces panneaux publicitaires géants qui indiquent aujourd'hui l'approche des grands centres:


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Et puis la ville, oui la ville qui s'impose dans sa masse. Et le bus qui tourne ses virages carré, et les jeepneys on n'a jamais vu ça non, et les maisons et les façades et les panneaux placardés, et les gens pauvres et les déchets, la ville qui s'apparaît.


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Et puis soudain encore on vous largue, on n'est pas à Ermita, on m'avait dit pourtant, des chauffeurs de taxi sont là qui s'offrent pour {m'aider}, "No thanks, no thanks". Alors on marche, dans une direction au hasard, un taxi-man vous suit un peu, vous laisse. Des jeepneys à la queue, on y va, "Ermita, Malate", "This one, this one", on monte à l'avant. Et ça roule, ça roule. Et la ville, la ville nombre. Tout d'un coup, la ville. À un rond-point, une fontaine, des gens si pauvres, ils vivent là, il y en a qui se réveillent c'est l'aube, d'autres dorment encore. Trop d'un coup, comment dire. Le visage d'une femme repérée, si vieilli. Manille dans la gueule.


Et finalement le jeepney qui arrête vous dit "Ermita" on descend. Et marcher la petite app Map2go ouverte sur l'iPhone, essayer de trouver repère, y arriver finalement, et un hôtel -- et voilà, c'est l'arrivée c'est comme ça, dans une ville nombre c'est comme ça, {ain't no easy trip no}.


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