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Photo du rédacteurMahigan Lepage

L'Asie du Sud-Est sur rails, 4 & fin : Thaïlande en wagon

Singapour-Chiang Mai : 2500 kilomètres, 10 jours, 3 pays ; une aventure ferroviaire


<small>À lire aussi :


-* [L’Asie du Sud-Est sur rails, 1 : départ Singapour->http://mahigan.ca/spip.php?article301]

-* [L’Asie du Sud-Est sur rails, 2 : survol Kuala Lumpur->http://mahigan.ca/spip.php?article302]

-* [L’Asie du Sud-Est sur rails, 3 : traversée Penang ->http://mahigan.ca/spip.php?article303]

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Le trajet de [Butterworth->http://mahigan.ca/spip.php?article303] à Bangkok, c'est 24h de tortillard à travers la jungle et les gares de villages, par-delà la frontière malaisio-thaïlandaise.


Parti en début d'après-midi, donc, j'arriverais au même moment de la journée le jour suivant.


D'abord on a roulé jusqu'à la frontière, et pour l'occasion les opérateurs ont surchargé les wagons. Des Malais gênés sont entrés, ils n'avaient pas de places assignées, officiellement nous on avait droit à tout un siège largeur double, mais évidemment on n'allait pas les laisser tous faire le trajet debout. Avec grande timidité une Malaise voilée a accepté la place à côté de moi, elle est descendue dans un village peu avant la Thaïlande.


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Puis le train s'est arrêté à la frontière, une de plus... Le temps de faire estampiller nos passeports, et on était déjà repartis. Ça n'a pas été long, à la douane, il faut dire que le train était tout petit... Deux wagons seulement, l'un faisant locomotive! Un tortillard vraiment...


On est repassés en Thaïlande. Mais je me sentais déjà en Thaïlande dès le départ de Butterworth, parce que le train est thaïlandais. Le serveur parlait thaï, et j'ai pu retrouver mes petits baragouins incertains et mes "khrap" à toute fin de phrase.C'était presque comme revenir chez soi... Et puis, dans les fenêtres, les ailes royales thaïlandaises, qui signeront presque toutes mes photos et mes vidéos de paysage, comme une sorte de sceau sur les images.


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Jusqu'à maintenant, j'avais peu à raconter de l'intérieur du train. De Singapour à Kuala Lumpur, puis de KL à Penang, je n'ai fait que me recroqueviller dans ma couchette, lire, regarder un film et dormir.


Mais dans le train numéro 36 Butterworth-Bangkok, ç'allait être différent. C'était le jour, d'abord, moment plus propice aux rencontres. Et puis je me suis retrouvé au milieu d'une joyeuse famille de Bengalis en vacances. Ils ont bien animé le wagon! Avant le souper, on s'est mis à la bière, et on a intégré un expat américain et une Coréenne dans la fête. Les Bengalis n'étaient pas peu avenants et rigolards, c'était pas triste. Rare que je mette des photos de gens sur mes blogs, mais voilà, pour vous ce sont de parfaits inconnus, alors je me le permets :


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On s'est couchés soûls, on a dû un peu déranger nos voisins de train... C'est de bonne guerre, parce que le lendemain c'est eux, les voisins, en particulier la famille élargie de Chinois, qui allaient nous réveiller aux aurores, en jacassant comme c'est pas permis...


Le lendemain on commençait à sentir davantage les longueurs du trajet, on fatiguait. On regardait dehors le paysage défiler, avec ennui, pendant que les Bengalis à leur tour jacassaient (ils ne donnaient pas leur place non plus!).


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Enfin on est entrés dans Bangkok, lentement, lentement, on a dû y rouler deux heures avant de s'arrêter en gare. J'ai quitté mes nouveaux amis avec une carte de visite pour le Bangladesh! (Peut-être j'irai...)


Bangkok ne serait cette fois-ci qu'une escale d'une nuit (je la connais bien cette ville, déjà). De cette escale, je conserve deux photos : l'une du fleuve Chao Praya (où j'aime prendre le bateau-bus) et l'autre d'une vue de la ville à l'aube depuis la chambre de mon hôtel au 6e étage.


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Le train du lendemain, direction Chiang Mai, partait à 23:00, pour arriver, quinze heures plus tard, vers 14:00. Une couchette une autre, puis trois-quarts de journée à regarder encore défiler la jungle, les routes, les petites gares, paysages toujours marqués du sceau royal.


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L'excitation du début du voyage était bien tombée maintenant, remplacée par une grande fatigue. Les villes marchées, je les avais qui pesaient dans les jambes et le dos, et dans la tête et les yeux l'ennui des longueurs des trajets ferroviaires. Ça use, voyager -- voyager de cette façon, du moins. Mais c'est cela qui, sans qu'on le cherche, nous éprouve et nous poigne le plus fort. Le voyage nous traverse, dans le corps. Et si on a besoin de repos après, on sait bien qu'on repartira, pas parce qu'on cherche à souffrir, mais parce qu'on cherche le vivant, et que le vivant passe par le corps.


On revient à Chiang Mai, et on a de nouveau à écrire, pour traverser vraiment -- se délester de la charge accumulée, renvoyer le chemin arrière soi...


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