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Photo du rédacteurMahigan Lepage

Le dehors en larmes

L'automne est le crépuscule des ans


C'est une projection de mon état intérieur, évidemment. Mais pas seulement. Il y a dans les extérieurs d'automne de quoi vous vider et vous répandre en larmes.


Aux jours de fatigues, de fragilité, se lever. Regarder par la fenêtre, comme on fait chaque matin. Demander au dehors un sourire, quelque part. Et se rendre compte que ce sourire, ce matin, cette saison, vous est refusé. Tout est gris ou jaune pâle, grisé. Et ce sont couleurs qui tombent, qui glissent vers le sol, comme ces pluies de feuilles sur les trottoirs, en les rues. On dirait que la ville même a les traits tirés. On devra avaler cela aussi, ce refus, son propre espoir déçu.


Et en se détournant de la fenêtre, bien sûr, la tristesse est plus lourde encore à supporter. Non, le monde ne te sera pas aujourd'hui consolation.


Mélancolie d'automne : c'est si banal. Pourtant c'est ainsi. On est scandé, des saisons, du rythme même des jours, et on souffre depuis presque toujours d'{angoisse crépusculaire} (Gracq). Or l'automne est crépuscule des ans. Comme les 5, 6, 7 heures du soir, les mois d'octobre, de novembre, de décembre sont ardus à traverser.


Une fois l'hiver, comme le soir, installé, ça va plutôt. On a passé la charnière, on est de l'autre côté : on a tenu. Le monde est autre, gelé, sombre, on ne peut plus que l'accepter, l'habiter.


Mais automne, comme crépuscule, n'est pas monde, mais chute. La gravité s'y fait plus oppressante. D'où qu'il y ait grande difficulté, et noblesse, à le traverser, à le supporter - comme une fatigue.


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