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Photo du rédacteurMahigan Lepage

Le grisé des arbres aux abords

Sur les traces du chemin


[Encore->http://mahigan.ca/spip.php?article173] un signe qu'envoie la ville de ce qui n'est pas elle. Dans l'image de ces ruelles, en hiver, la creusée bien connue d'ornières parallèles, qui rappellent à mon souvenir les {chemins de terre} et les {chemins de bois} des montagnes et des campagnes de l'enfance.


À qui a grandi en ville, à Montréal tout particulièrement, ces traces n'évoqueront sans doute rien d'autre que ruelles d'hiver. À moi, elles font signe de bien plus loin. Les chemins mal déblayés, ou pas déblayés du tout, que rien ne rend praticables sinon la passée répétée des camions, des machines. Y marcher parfois, dans l'une des deux traces. Seul, on se sent constamment {à côté} : ce n'est pas un sentier prévu pour la marche solitaire. Mais qu'on y marche à deux, chacun dans son ornière, et c'est comme si les machines avaient ouvert ce chemin pour nous.


Rouler aussi parfois en pick-up ou en tracteur avec mon père dans ces chemins. La confiance alors en la machine. La beauté que c'est, des traces de pneus cramponnés dans la neige sonore.


Le blanc partout au sol, et le brun grisé des traits sylvestres aux abords. La tranquillité des bois l'hiver, nulle part retrouvée.


[D'autres->http://www.editionsboreal.qc.ca/catalogue/livres/n-ruelles-jours-ouvrables-1342.html], oui, parleraient ici d'arrières-cours, de cuisines et de jeux d'enfants. Pas moi. C'est souvent, dans la ville, que les traces font signes vers l'au-dehors, l'au-loin d'où je viens. Pour moi seulement? Je ne crois pas.


Ici, une simple négligence, un manque de déneigement, et les voitures ont inscrit dans le sol des ruelles la trace de ce qui me semble {l'idée} même du chemin. L'idée, l'image seulement. Mais qui suffit à ramener au jour toute une gamme, un spectre d'impressions : les marches dans les chemins de bois l'hiver; les trajets en pick-up avec le père; le silence des bois sous la neige.


Et le grisé des arbres aux abords, qu'évoquent pour nous les murs, les poteaux, les essences aussi des ruelles apaisées.

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