Le Mae Hong Son loop à moto par temps sec
Voyage dans le brasier thaïlandais
Est-ce qu'on aurait dû le prendre comme un avertissement? Juste avant de partir pour le Mae Hong Son loop, avec l'amie Julie qui allait m'accompagner, achetant des billets de train à la gare pour un autre voyage, soudain de la fumée (fausse), des camions, des pompiers : un exercice d'incendie à la gare de Chiang Mai.
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Ce serait un voyage sous le signe du feu, ou plus encore sur le signe du signe du feu : la fumée.
On est partis sur le dos de ma petite Honda Wave 110 cc semi-automatique. Pas la plus grosse moto, mais capable quand même de monter toutes les pentes, à condition de rétrograder souvent.
On a attaché nos petits bagages comme on pouvait, un sac sur le panier, un autre entre mes jambes, pas de sac sur le dos de Julie pour l'épargner, son dos.
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Sur nos visages des masques. Pas seulement à cause des gaz d'échappement. C'est mars avancé en Thaïlande, en pleine saison sèche. Les plantes en vert grisé craquent de partout. Pas d'eau depuis des lunes, à part de très rares orages. Et dans les montagnes, ça brûle. Des paysans font cramer leurs champs, pour renouveler les cultures. Mais aussi, par accident, des feux dans la forêt. Des petits feux, partout, qui ne se propagent pas beaucoup, je ne sais pas pourquoi (autre équilibre que notre forêt boréale, la tropicale). À Chiang Mai pas de feu, mais on en reçoit la fumée depuis des semaines. C'est très dense, assez pour voiler le soleil et chauffer les yeux.
Drôle de temps pour un voyage dans les montagnes. Le Mae Hong Son loop. On le fera dans le sens contraire de l'horloge : Chiang Mai puis Pai puis Mae Lana puis Mae Hong Son puis Mae Sariang puis Chom Thong puis retour Chiang Mai.
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Après quelques kilomètres de route à lourd trafic, on tourne vers Pai, dans les montagnes. Et la route bientôt devient excitante : toute en courbes et pentes dans la jungle. Un bonheur d'y conduire. C'est mon premier vrai voyage de moto. Je viens de la campagne, là-bas on sait un peu conduire tous les engins. Surtout ça fait un an que je conduis en Thaïlande, rodage nécessaire avant de se lancer dans ces routes de montagnes un peu périlleuses.
Par moments, quand on monte très haut sur une montagne, on traverse des pinèdes qui sentent bon.
On arrive à [Pai->http://machineronde.net/?p=330] en après-midi.
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On y passera le week-end à la coule. Cafés, marché, shows de covers de sixties et seventies. Et balades à scooter dans les alentours. C'est sec mais c'est beau, les petits chemins, les champs d'or, les arbres brûlés...
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Puis le lundi matin on a fait le plein -- non, on a oublié de faire le plein, après 10 kilos on y a pensé et on est revenus faire le plein, oui -- et on est partis.
Plus on s'enfonçait dans la montagne, et plus ça brûlait. Atmosphère si particulière. En plus de la fumée de plus en plus épaisse, souvent au bord de la route découvrir des vestiges tout frais d'incendies mineurs.
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Ou même parfois, pas des vestiges : un feu vraiment, au bord de la route, brûlant là sous nos yeux. Surréel.
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Couleur dominante du pays en cette saison : gris. Les gens disent que le gris c'est triste. Moi je le trouvais fascinant, le pays gris. D'autant plus fascinant qu'il était un peu caché. Bien sûr, on les voyait moins, parfois pas du tout, les panoramas, derrière le rideau de fumée. Mais justement, on pouvait encore les rêver.
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Incident ce jour-là : arrivant au sommet d'une montagne, une crevaison... Il y avait là quelques vendeurs, je leur dis "J'ai un problème", et alors il y en a un qui m'escorte un peu plus haut encore par un petit sentier, jusqu'à une maison de garde-barrière. Pour 150 bahts (5$) le gars de la maison a changé ma chambre à air, quelle chance!
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Et pendant ce temps-là j'ai pu parler thaï avec les gens de la maison. Il a débloqué pendant ce voyage, mon thaï. Je n'ai eu le temps jusqu'à maintenant que de prendre un cours de six semaines, et à Chiang Mai les Thaïs que je connais et rencontre parlent souvent anglais. Mais là, no english. Pas eu le choix de me débrouiller. Et à ma grande surprise, ça marchait, j'étais compris (souvent), je comprenais (parfois)!
D'ailleurs ce soir-là on a dormi à Mae Lana, un petit bled perdu dans un creux de montagne. Au soir, je suis parti seul au village voisin en haut de la colline, Jabo, pour essayer d'envoyer un SMS. Me suis arrêté au "bar" du village (l'espèce d'épicerie avec une table devant, où on peut boire) et j'ai descendu quelques bières avec les jeunes hommes de Jabo. Conversations monolingues thaï, avec appui de mon app iPhone dictionnaire anglo-thaï. On a bien rigolé.
Et puis ça continue comme ça. Les journées de moto sur les routes de montagnes. Mal aux fesses sur la petite Honda tape-cul. Arrêter dans des petits bleds pour manger une soupe aux nouilles. Un écart aussi une fois par un petit sentier de forêt, pour aller se baigner à des chutes qu'on voyait sur la carte :
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Et on a arrêté une nuit à Mae Hong Son et puis une nuit à Mae Sariang. Ce ne sont pas les arrêts qui comptent bien sûr, pas les destination, mais la route. Et la route c'est ce dont je n'ai presque aucune image, parce que je ne pouvais pas conduire et photographier en même temps...
Passé Mae Sariang, on a failli tomber en panne sèche, heureusement on a trouvé une pompe artisanale :
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Puis on a traversé le parc du Doi Inthanon, un parc national. On aurait voulu y dormir, mais on n'a pas trouvé les gîtes qu'on cherchait. Seulement, au milieu du parc, ces hectares de cultures gouvernementales sous bâches, qui crée un paysage étonnant. On m'a dit que ce devait être des cultures de fleurs...
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Du coup on a dû dormir à Chom Thong. Une ville que les guides de voyage diraient "sans intérêt". Ce qui veut dire, sans tourisme. C'est du local. Des rues bruyantes, des commerces tous les mêmes aux abords. Un marché. Mais c'est ça la vraie Thaïlande, partout on la retrouve. Elle est dure mais elle est.
On a dormi dans un motel à Chom Thong, ça sentait la fin du voyage... Le lendemain on a rejoint Chiang Mai par le sud, alors qu'on l'avait quittée par le nord. La boucle de Mae Hong Son était bouclée. On aura voyagé dans le feu et la fumée.
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