Le web comme cinéma
Nouvelle inflexion pour le Dernier des Mahigan
<a ><img src="http://www.mahigan.ca/IMG/affiche.gif"/></a>
[Le Dernier des Mahigan->http://www.mahigan.ca/] a un peu plus de cinq ans. J'avais commencé en Wordpress en décembre 2008, passé en [Spip->http://www.spip.net/] en septembre 2011. Pourquoi en Spip? Pour la souplesse, et surtout la possibilité de construire le site horizontalement. Pas seulement un défilé de billets du jour, donc, mais un réseau de traverses, de chemins, de rhizomes.
Il y a eu des moments de ralentissement et de latence : l'année d'écriture de la thèse, par exemple, ou les premiers mois en Asie en 2012 (j'avais besoin de décrocher, puis je me suis essayé à des blogs voyages, mais ce n'est pas mon truc).
Ça a pris tout ce temps pour que se précise son identité propre. On doit bien trouver, pour chacun de nos sites, une sorte d'image, une métaphore ou un concept. Ça détermine son look, son graphisme, mais aussi, peut-être, la manière qu'on a d'y écrire et d'y insérer des images et du son. Chez [Arnaud Maïsetti->http://www.arnaudmaisetti.net/], la notion de {carnet} rassemble la cohérence du design concentré sur l'écrit, de la forme annotative, du rythme quotidien. Chez [François Bon ->tierslivre.net], l'esthétique {vintage} détermine les choix graphiques (bandeau à bords arrondis, polices de caractère parfois comme des joyaux), et aussi une certaine idée du web conçu comme livre, mais un livre autre, tiers.
Je viens de l'image, et c'est une provenance que je revendique de plus en plus. C'est-à-dire que j'ai connu les livres tardivement, dans l'adolescence avancée (17, 18, 19 ans...). Avant quoi, je n'ai lu que quelques [Jules Verne->http://mahigan.ca/spip.php?article322], des Agatha Christie (ça reste, quand même). Presque toutes nos représentations passaient pas l'image : la télé, les films, le cinéma. La musique, oui, mais même la musique, par les vidéos-clips (même si j'en voyais peu, n'ayant pas la télé câblée, mais chez les amis, ça m'impressionnait), la musique passait surtout par l'image, c'était l'époque.
Je ne voyais pas ou peu de cinéma d'auteur. Les films qui passaient à la télé, surtout. Beaucoup de série B. Des émissions de télé, aussi. Plus tard, vers 15, 16 ans, des films qui marquent plus profondément, comme {L'orange mécanique} de Kubrick (lu le livre de Burgess après).
C'est peut-être, encore plus que les représentations, les trajets en auto qui ont infléchi mon rapport aux images-mouvements. Dès que j'ai commencé à écrire, c'était là. Un trajet en pick-up, les paysages qui passent par les fenêtres.
En tout cas, des travellings. C'est le descriptif que je donne de mon site, maintenant : {travellings}. L'esthétique cinématique s'est révélée à moi pendant le projet [{Explosent les villes d'Asie} ->http://www.mahigan.ca/spip.php?article477]. Je me suis rendu compte, vers la fin seulement, que ce que j'avais fait, tout ce temps, dans les mégapoles asiatiques, s'apparentait à un film. L'écriture comme {narration} et travelling. Les photos qui s'insèrent à la manière d'arrêts sur image. Des pistes audio, des bruitages. Et quelques vidéos, comme des vignettes animées à l'intérieur du mouvement général du film.
Et ce n'est pas que cette série. Le cinématique, l'imagerie, c'est [Autochromes->http://mahigan.ca/spip.php?rubrique28] déjà, c'est [Écran neige->http://mahigan.ca/spip.php?article483]. C'est mon site, qui se révèle à lui-même.
Alors, ces dernières semaines, j'ai voulu affirmer cette inflexion dans le design graphique (voir [la page d'accueil->http://www.mahigan.ca/]). C'est un travail encore en cours, mais déjà bien avancé. Un bandeau supérieur "le dernier des mahigan" qui rappelle les génériques. Des bandeaux "bande annonce" aussi, pour les séries-web. Important, pour moi, et ça participe d'un même mouvement, il est temps de mettre en avant ce que l'on fait sur le web. Il n'y a pas encore de recette, à nous d'inventer. Moi, je veux me servir de la métaphore du cinéma pour {afficher}, {annoncer} les séries, les présenter visuellement.
Où la découverte d'un blog que je ne connaissais pas m'a permis d'aller un peu plus loin. Ça s'appelle [Patty O'Green et le Wild Wild Web->http://patty0green.wordpress.com/], et c'est vraiment un blog formidable, dont je me promets de reparler plus avant. C'est du cri, et ça fesse fort. Une écriture, vraiment. Appuyée par une recherche graphique très libre. Il y l'esthétique rétro-mac du blog en Wordpress, bien choisie, mais là n'est pas tant l'originalité que dans l'utilisation des images, et en particulier des GIF animés. Quand j'ai vu ça, je me suis demandé pourquoi on n'était pas plus à en faire usage! Des mots qui clignotent, qui apparaissent et disparaissent, qui attaquent et qui crient des couleurs. Comment ça ne concernerait pas l'écriture?
J'ai repris l'idée des GIF pour la présentation de ma page d'accueil, et j'ai bien l'intention de pousser plus loin dans cette direction.
Certains diront que l'écriture se perdra dans les images, laissons-les dire. Nous, on vient de l'image, et on n'a plus beaucoup de désir pour le gris. On veut des couleurs, des mouvements.
Et si c'était ici, sur le web, que l'écriture enfin devenait cinéma?
<a href="http://www.mahigan.ca/spip.php?article30"><img src="http://www.mahigan.ca/IMG/envideo.gif" border="0" /></a>
<a href="http://www.mahigan.ca/spip.php?article30"><img src="http://www.mahigan.ca/IMG/meslivres5.png" border="0" /></a>
Mais le livre?
Oui, le livre, pourquoi pas! Mais la plupart de nos textes naissent maintenant sur le web (comme le {[Surimpression}->http://www.editions-d-fiction.com/surimpression/] d'Annie Rioux que je lis en ce moment, je me rappelle en avoir vu plusieurs fragments sur son blog il y a deux ans).
Le lieu d'écriture et de présentation immédiate, pour moi, c'est le web avant tout. Le site, donc, comme lieu de tournage, de montage, d'exploration (toute la part {in progress}), et aussi de diffusion, de spectacle ([les séries->http://mahigan.ca/spip.php?article484] auto-éditées).
Après, le livre m'apparaît comme une sorte de sortie vidéo, différée et un peu vintage, en VHS, de ce qui a été présenté auparavant dans le cinéma du web. Ce n'est pas dépréciatif, pas du tout. Les vidéos rejoignent parfois des publics plus larges, tous ces gens qui n'aiment pas aller au cinéma, parce qu'ils ne sont pas dans ce flux-là. On peut aussi, comme auteur, refuser que son film soit présenté en vidéo (certains cinéastes l'ont fait, je crois). J'aime encore les vidéos (les livres papier), j'aime le vintage, pour certains projets choisis, non comme finalité, mais comme version, émergence forme-temps-objet.
Reste que la salle noire, désormais, c'est ici.
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