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  • Photo du rédacteurMahigan Lepage

Où commence la forêt

Images de l'orée et idée des profondeurs


À partir de {combien} une multitude d'arbres devient-elle forêt?


Selon Littré, le mot vient probablement du latin {foris} qui veut dire "dehors". N'est forêt pour moi que ce qui est grand, sauvage, étendues sylvestres paraissant illimitées. Un bois n'est pas une forêt : c'est clair en France, où on appelle bois de petites surfaces quadrillées (le Bois de Boulogne etc.), moins au Québec où on dit qu'on va {dans le bois}, qu'on vit {dans le bois} (toujours au singulier, alors que l'usage reconnu, comme dans la traduction de Thoreau, est {dans les bois}). La forêt, ce sont les arbres en leur dehors.


La forêt est surface boisée non maîtrisée, ou mal, au moins en un de ses points cardinaux : on est à l'orée sud, par exemple, mais on ne sait où cela s'arrête au nord, ou même si cela s'arrête jamais...


Se trouver aujourd'hui dans les Outaouais, région que j'ai habitée cinq années durant. Au nord, on pensais le bois, la forêt, comme infinis. On connaissait ces noms indiens, où il y a des {réserves} : Maniwaki, par exemple. Le lumineux film de Pierre Perrault ({La Bête lumineuse}) a ces contrées pour décor.


Ce sont forêts sauvages, résineuses - je dirais presque, un peu étrangement : racées. Les arbres sont d'essence outaouaise : forte, comme musquée.


Il ne s'agit pas de {nature}. Ici, même ici s'impriment la main et le pas de l'homme. Sitôt qu'on est en marche vers la forêt, la virginité que l'on chercherait de toute façon recule, inatteignable, inexistante.


On connaît les forêts pour y avoir grandi. Elles étaient sauvages aussi, lointaines, et pourtant prises dans un filet de chemins et de coupes. Mais au-delà des rivières, ou de la prochaine montagne, on ne savait pas ce que c'était, jusqu'où ça continuait, quelles vastitudes par là s'épandaient.


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On a donc fait des photos des arbres à la lisière, mais aussi des traces de la hache et du pas bûcheron : un {tipi} de branches, une cordée de bûches... Des hommes sont venus, ont défriché des clairières. Des bouleaux frêles y ont repoussés, [comme des griffures de lumière->http://peterhoffer.com/landscapes.html]. Mais entre les lignes, entre les troncs et les branches, tout au fond, et plus profondément encore : du vert épais, des feuillages touffus, et même du noir.


La forêt est là, toujours plus loin, plus creux. Elle est cette profondeur.

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