Panorama échangeur
Illusion verticale de la ville
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De tout là-haut, les toits faisant comme un deuxième sol où on pourrait marcher, si on était [géant->http://mahigan.ca/spip.php?article219]. Sol crevassé de rues et ruelles, ouvrant sur le double fond de la ville. Et les saillies des clochers, des tours, des immeubles qui se dressent, s'étirent le cou comme les arbres en forêt, vers le ciel parcouru d'avions, tandis que passent en deux sens inverses des voitures pressées, plastiques, couleur et sonores.
Du haut de l'échangeur, où homme n'a pas place, s'il n'est encapsulé en habitacle, entre les murets béton parallèles, l'un séparant les voies, les directions, les autres garde-fous, pour ne pas tomber hors, ne pas tomber bas.
Panorama ville : et dans ce mot, vieux mot du siècle illusionniste, entendre la coulisse, la machinerie, l'illusion d'un spectacle tendu sur la toile du ciel. Le verra-t-on se déchirer, le ciel, et se profiler le visage rieur du fantasmagore?
Les voitures semblent fausses. Et faux aussi cet avion, qui choisit ce moment-là, de la prise, pour filer sur le fond du ciel bleui. Une voiture, une autre voiture, dans un sens, dans l'autre : rythmes réguliers, métronomes, calculés de la ville.
Non pas la ville vue de haut, comme depuis ces belvédères que chacun connaît, et qui permettent d'appréhender le relief, les rivières, les déclivités sur quoi tout cela s'est bâti. Regard au contraire rasant, tranchant une moyenne abstraite entre les saillies et les creux.
Échangeur : et se suspendre un temps à l'échelle verticale de la ville. Et retenir son souffle.
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