Rêve d'être peintre
Tout ce que je n'ai pas été, 1
La peinture : premier biais par lequel je me suis rêvé artiste. La voisine, dans la maison bleue, avait mis à ma disposition des toiles, des vraies, et de la peinture à l'huile - c'était bien mieux que cette pâle {peinture à l'eau} que seule d'ordinaire on concédait aux enfants. J'avais fait quelques toiles, certaines en binôme avec mon ami J. Une a été conservée : elle s'appelle {La maîtresse en colère}, représente une maîtresse d'école qui crie à l'avant-plan, tandis que des silhouettes d'enfants en fuite se profilent sur la montagne en arrière-plan.
C'étaient mes parents, ma mère surtout, qui disaient que j'allais devenir peintre. C'était dit légèrement bien sûr, mais moi je ne l'entendais pas comme ça. On m'investissait d'un avenir, d'un possible, ça comptait. J'existais dans les yeux de ma mère.
Toute mon enfance, mon adolescence, je dessinerais, et lirais des bandes dessinées - beaucoup plus de bandes dessinées que de livres. Au collège, je m'étais d'abord inscrit en Arts plastiques, avant de partir [dans l'Ouest->http://www.publie.net/fr/ebook/9782814502857/vers-l-ouest] et de m'inscrire au retour en Arts et lettres profil théâtre (parce que j'avais eu un cours d'art dramatique qui m'avait marqué en 5e secondaire).
Choix un peu arbitraire : j'aurais bien pu basculer d'un côté ou de l'autre. Même, vue ma pratique du dessin, beaucoup plus appuyée que celle de l'écriture et de la lecture, ç'aurait été plus logique que j'aille en Arts plastiques. Mais non. Je suis allé en Arts et lettres profil théâtre, et de là j'ai glissé progressivement vers la littérature et vers les études littéraires à l'université.
Mais tout ce fond demeure, de dessin, de bande dessinée. Je m'en suis rendu compte il y a deux ans, quand je me suis remis au dessin : à ma surprise, rien n'avait changé, rien n'avait été perdu. Je me suis promis de continuer, mais la constance me manque. J'ai même téléchargé une application de dessin sur le iPad (merci [Nicolas Dion->https://twitter.com/#!/paesineI]) - excitation aux premiers essais. Quand même, je n'y vois plus évidemment qu'{à côté}, pratique privée, façon de relâcher de temps en temps la pression des mots. Ponge, Michon l'ont dit : il faut choisir une discipline et s'y tenir de toutes forces.
Reste que ce que j'écris s'en sera toujours ressenti. De là, la plastie des arbres, des rivières, des paysages. De là aussi, l'importance des [couleurs->http://mahigan.ca/spip.php?rubrique28]. De là encore les scènes qui me viennent naturellement sous les doigts, avec gros plans de visages et de bouches, de mains. Non, je n'aurai pas été peintre, ni dessinateur. Mais je n'envisage pas d'écriture qui ne soit en quelque façon peinture, ou dessin.
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