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Photo du rédacteurMahigan Lepage

Sur les abrupts

Effort et vertige à la vue des à-pics


La terre, son [relief->http://mahigan.ca/spip.php?article104]. Ses aspérités, ses abrupts. On s'y prend le regard comme les pieds : dans les racines, dans les arbustes chétifs, noueux, accrochés à flanc.


Imaginer une terre qui serait toute plane, vraie sphère lissée sur laquelle on marcherait. Ce serait ennui et hypnose. Mais notre terre est plissée, striée, toute en bris et fracas. Les montagnes : des glaciers de rocs brisés, hérissés.


Sur les abrupts. Des impressions vieilles, d'enfance et plus tard. Monter difficile des à-pics. Les pieds calant dans la neige. Les arbustes parfois obstacles, parfois aides quand on s'y accroche pour se hisser. La vue des arbres en contre-plongée : leur vertige, comme s'ils allaient basculer, parce qu'on l'habitude qu'ils soient perpendiculaires au sol. Les abrupts : un effort, un vertige.


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Fascination toujours des endroits où la terre nous rappelle à elle. Dans les villes, les saillies, les gouffres sont rappels de la terre. Les villes, les routes sont des transactions avec le relief, à coups de dynamite parfois. Mais on ne peut aplanir et redresser parfaitement le sol, comme on le voudrait. Restent les coulées. Restent les montagnes. Restent les abrupts.


Et ce qu'on imagine entre les stries tirées des arbres fins. Là-haut, dans le ciel sauvage, de l'autre côté de la bascule de la terre, tout un monde, inconnu. Chaque fois, on a espoir, on a hâte, de ce que l'oeil embrassera de l'autre côté des abrupts. Une autre ville? Un autre paysage? Mais bien souvent : ce sont d'autres abrupts, encore, cachés derrière les premiers, abrupts à grimper, grimper, grimper encore.


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