Thaïlande fracas
Les routes thaïlandaises ne sont pas les plus sûres
<quote><small>Billet initialement publié le 30 août 2012 sur mon blog voyage La Machine ronde (machineronde.net), maintenant fermé. </small></quote>
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Les routes thaïlandaises ne sont pas les plus sûres du monde, c’est évident. Bon, ce n’est pas l’Inde, qui détient [le record mondial du pire bilan routier->http://www.bbc.co.uk/news/world-south-asia-13692508], mais quand même. Ça roule un peu à l’aveugle, et les règles ne sont pas très rationalisées. La priorité? Au plus gros. D’abord le camion. Ensuite le pick-up et la voiture. Puis le tuk-tuk, puis la moto, le scooter… Et enfin le piéton! Traverser une rue, ici (outre qu’il faille s’habituer à regarder d’abord à droite pour voir venir les voitures qui roulent à gauche!), surtout à Bangkok, c’est souvent une aventure. Les gens sont polis, pourtant, si on s’impose ils vont vous laisser passer. Mais si on attend sa priorité, on attendra longtemps.
Le plus dérangeant : sur nos routes d’Amérique et d’Europe (d’Amérique surtout), la ligne droite est maître. C’est symbolique, et c’est concret : celui qui va tout droit a priorité, qu’il soit en voiture ou à pied. Ici, en Thaïlande, les véhicules qui tournent s’arrogent sur vous priorité, parce qu’ils sont plus gros. Donc avant de traverser une rue, il ne faut pas se contenter de regarder à gauche et à droite, il faut aussi regarder devant et derrière! Au cas où des motorisés auraient décidé de passer avant vous. En Asie, la ligne courbe est maître.
Est-ce un hasard si en deux mois en Thaïlande j’ai assisté à plus d’accidents qu’en 12 ans à Montréal? Bien sûr que non… Premier accident, sur l’île de Ko Phangan. J’ai écrit un texte à partir de cette vision de la mort ou de la quasi mort : [“Un corps sur la route“->http://mahigan.ca/spip.php?article279]. Ç’a été pour moi l’expérience la plus marquante, la plus dure. Rouler en scooter, et voir soudain devant soi, à cinquante mètres, un corps de femme allongé, le crâne ruisselant. De cela, je n’aurais pas pu prendre de photo, de vidéo encore moins.
Puis il y a eu, à Ko Phangan encore, cet accident plus bénin : le jour de mon départ, le propriétaire de la {guest house} où je logeais a démoli son pick-up contre un muret et un poteau. Je suis arrivé sur les lieux de l’accident après-coup. Cette fois, pas de gêne à prendre des photos. Il semble d’ailleurs que le chauffeur n’ait pas été blessé gravement : sur place, sa femme s’occupait des papiers calmement, ses fils constataient les dégâts…
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Enfin, à Bangkok cette fois, un autre accident, plus dur, avec blessé. J’étais en train de manger sur le trottoir, dans un bouiboui de rue, quand soudain…
Je ne m’étais jamais entendu pousser un cri comme ça. Un cri de peur, impulsif, déclenché par une vision non plus dans l’après-coup, mais dans le présent même de l’accident. J’ai tout vu. Une voiture qui renverse un scooter, le type qui essaie de se relever avant qu’une autre voiture ne l’écrase, n’y arrive pas, retombe. Une voiture qui finalement s’arrête, le corps sous le pare-choc. Les cris des autres témoins qui se mêlent au mien…
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Je ne sais pas pourquoi, de cet accident, je n’ai pas eu scrupule à prendre des photos. Je crois que c’est parce que ça ne sentait pas tant la mort.
N’empêche : le conducteur du scooter était blessé, pas de doute. Cinq minutes après l’accident, une ambulance est arrivée. On a chargé le corps dans la benne couverte du pick-up (elles sont souvent comme ça, les “ambulances”, ici). On pouvait voir ses pieds nus qui dépassaient.
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