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Photo du rédacteurMahigan Lepage

Tuk-tuk Bangkok

Qui a voyagé en Asie connaît ces taxis à trois roues


<quote><small>Billet initialement publié le 31 août 2012 sur mon blog voyage La Machine ronde (machineronde.net), maintenant fermé.</small></quote>

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Qui a voyagé en Asie, et plus spécialement à Bangkok, connaît ces taxis à trois roues, bringuebalants et pétaradants : les {tuk-tuk}. Les chauffeurs de tuk-tuk viennent souvent de milieux pauvres hors des villes, ils viennent à Bangkok pour gagner trois sous.


Les Thaïs emploient les services des tuk-tuk aussi bien que les touristes. Mais évidemment, le tarif n’est pas le même… Une course de tuk-tuk à Bangkok devrait coûter entre 20 et 40 baths, c’est-à-dire entre 1$ et 1€ par là. Si vous ne vous imposez pas, les {tuk-tuk guys} vous demanderont bien plutôt 100 ou 200 baths. Et même si vous avez eu la bonne idée de négocier le prix de la course – même si, par exemple, vous avez obtenu un trajet à 20 ou 30 bath -, vous n’êtes pas forcément au bout de vos peines… Les chauffeurs de tuk-tuk tirent une grosse partie de leur argent des commissions, alors immanquablement ils essaient de vous faire arrêter faire du shopping : arrêt chez tel tailleur, autre arrêt dans telle agence touristique, etc. Et ils sont très, très insistants. Refusez, et ils vous sortiront cet argument : si je vous amène dans ce magasin je reçois des coupons d’essence pour mon tuk-tuk… Argument de la pitié, autrement dit, qui marche souvent. Vrai, qu’ils sont pauvres, les chauffeurs de tuk-tuk, et il faut les payer justement, mais ce n’est pas une raison : si vous n’avez pas envie de faire du shopping, vous n’avez pas envie.


Personnellement, j’ai très rarement envie de faire du shopping. Ce jour-là – je venais d’arriver à Bangkok, j’étais là depuis cinq jours peut-être -, un type me parle dans la rue. Il commence par les politesses habituelles, température, {Where are you from?} etc. Comme je me trouvais loin des quartiers touristiques, je ne me suis pas méfié. Il m’a dit que je devrais visiter tel et tel endroits : des temples, des monuments… Et aussi : telle {factory} qui aujourd’hui faisait une vente et offrait de la bière. Puis il m’a dit : prend un tuk-tuk, et ne paye pas plus que 20 baths, et fais le tour de ces endroits, temple, Bouddha couché, Bouddha debout, factory, autre temple, etc. Je me suis dit naïvement : allez! J’ai pris le premier tuk-tuk, j’ai négocié un tarif à 20 baths pour faire une tournée touristique de la ville. C’était le dimanche, il n’y avait pas beaucoup de trafic, ça se faisait bien.


Premier temple, je m’assois devant l’autel, et un autre type m’adresse la parole, et lui aussi me parle de la même factory, et que je devrais y aller. Dans ma tête, le mot {factory} évoque une usine, un grand atelier où sans doute aujourd’hui il y a fête, où on me servira de la bière. Alors j’ai gardé la factory sur la liste des endroits à visiter en tuk-tuk. Mais arrivé à la factory, j’ai bien vu ce que c’était : un simple tailleur comme il y en a tant à Bangkok, qui vend des vestons cravates bas de gamme. Suis retourné dans le tuk-tuk aussitôt, ai visité les derniers temples et les derniers Bouddhas de la liste.


Mais avant de me conduire au tout dernier lieu de la liste, au Palais royal, le chauffeur de tuk-tuk avait une autre suggestion d’escale. Sur le papier où il y avait la liste, juste entre l’avant-dernière et la dernière destination, il a voulu ajouter un mot de son cru, {shopping}. -{No thanks}, que je lui ai répondu. On voyait bien que ça ne lui convenait pas comme réponse, il tordait la bouche, balançait la tête. {- Shopping. -No. } Il m’a sorti son argument des coupons d’essence. Il ne savait pas à quel point je peux être entêté quand on essaie de me faire faire quelque chose que je n’ai pas voulu ou demandé : comme un vieux cheval qui ne veut pas rentrer à l’écurie. J’ai durci un peu le ton, sans toutefois m’énerver (l’énervement, ça marche en Amérique, ça marche encore mieux en France, mais pas du tout ici). {-I don’t go shopping and you bring me to the Palace or I get off here and you get no tip.} C’était la bonne chose à dire. Il m’a conduit au Palais royal, je lui ai donné 20 baths plus un pourboire de 10. Prix local, quoi.


Et voilà comment, ce dimanche-là, j’ai fait le tour des monuments de Bangkok en tuk-tuk. Ç’a été très expéditif, et tant mieux : je n’aime pas trop ces lieux {à voir absolument}, et en même temps comme tout le monde j’ai scrupule à ne pas y aller, par peur de manquer quelque chose…


Pas d’épiphanie ce jour-là. Mais tout de même, émerveillement devant le Bouddha couché, malgré le tourbillon de touristes qui l’étouffe. Quelque chose de magique, dans cette disproportion : le Bouddha tellement trop grand pour l’espace du temple, comme Alice ({au pays des merveilles}) quand elle boit le thé qui fait grandir, et soudain la maison paraît toute petite…


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Et puis, me fascinent les orteils très ouvragés des Bouddhas, comme sur celui-ci, le Bouddha géant debout (me souviens plus du nom) : il est si grand que les gens n’ont accès qu’à ses pieds, sur lesquels ils déposent des fleurs et des offrandes. Mais c’est aussi parce qu’il y a une symbolique très forte attachée aux pieds, dans le bouddhisme : par exemple, on ne doit jamais enjamber les pieds de quelqu’un, geste jugé ici hautement irrespectueux.


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Mais pour revenir au tuk-tuk… Ce qu’il faut dire, aussi, c’est que c’est un bon {moyen} pour s’imprégner de la ville. Contrairement aux taxis auto, dans un tuk-tuk on est très près de la rue, on en partage le bruit et l’agitation. On voit surgir les piétons, les cyclistes et les chiens en gros plans. Et puis il y a toujours une petite peur, à rouler dans un de ces engins toussotants et instables, à travers le trafic dense et rapide de Bangkok… Ça ajoute à l’excitation. Et finalement on aime bien ces trajets en tuk-tuk, de jour comme de nuit…

Je mets en ligne deux vidéos captées depuis la banquette des tuk-tuk. La première avec mon chauffeur du dimanche (portant un fier {miguel}!). La seconde, un retour de sortie, un soir indéfini à Bangkok.


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